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̃aisé à croire, qu’il faudroit se faire violence pour en douter et vous-même, qui êtes si habile; à vous dragonner, vous aurez peine à trouver des sujets de désespoir dans une occasion où tout parle pour le marquis : des exemples, son nom, le mérite de père et d’oncle, le sien personnel, tout cela le met à la tête de cette belle troupe. Vous ne doutez pas, mon enfant, que je ne sois tout comme vous[1] dans ce qui vous touche; vous ne sauriez trop m’en parler, ni trop me conter toutes vos pensées, ni tous vos raisonnements pour et contre, ni le dialogue de la crainte et de l’espérance : je suis de moitié de tout cela, c’est mon affaire, vous ne sauriez en douter[2]) J’attends donc comme vous, avec toute l’émotion que donne la véritable et tendre amitié.

Je[3] sais maintenant ce qui est arrivé du moulin à paroles de Mme Reinié. Je sais que vous êtes résolue d’aller à l’assemblée, et de revenir ensuite à Grignan. Me voilà instruite de la santé de Monsieur le chevalier, à qui je demande pardon si je ne puis entrer dans son sentiment sur la démission de Monsieur d’Arles[4]. J’aurois fait valoir au Roi cette seconde place, que je souffrirois par la seule raison de son service ; mais dans le fond, je n’en aurois pas été ému : j’aurois été ravi d’y soutenir et d’y servir mon aîné. Plus je me sentirois Grignan, et au-dessus de Monsieur d’Aix partout ailleurs, plus j’aurois été insen-

    quis de Brancas, et celui-ci ayant été fait ùaréchal de camp, il a passé à M. des Salles, petit-fils par sa mère de M. le duc de Brancas : M. des Salles en est actuellement colonel (1753.)

  1. 5. L'impression de 1737 répète les mots tout comme vous
  2. 6. « …….toutes vos pensées : je suis de moitié de tous vos raisonnements pour et contre, et du dialogue de la crainte et de l'espérance. » (Édition de 1754.
  3. 7. Tout cet alinéa manque dans l’impressions de 1737.
  4. 8. Voyez ci-dessus, p. 276, la note 9 de la lettre du 26 octobre précédent.