Sainte-Marie, mon vieil ami[1], lieutenant de Roi de Saint-Malo, m’est venu voir ; il m’a dit qu’il vous avoit écrit pour une sollicitation : je vous conjure, ma fille, qu’il soit content de vous : c’est un homme qui se méttroit en pièces pour moi ; tout le monde l’aime en ce pays ; il est la consolation de tous les exilés, de tous les prisonniers de Saint-Malo ; en un mot, un petit Artagnan[2], qui est fidèle au Roi, et humain à ceux qu’il est obligé de garder. Il a mille bonnes qualités ; il dit que c’est moi qui les lui ai données, comme je l’ai converti, vous vous en souvenez, en lui donnant[3]ma foi et ma parole que notre religion étoit meilleure que celle de Calvin. Je plaindrois bien M. de la Garde, s’il avoit oublié son premier état, auquel l’humilité chrétienne est attachée, aussi bien que la reconnoissance envers Dieu. M. Nicole est tout divin[4] .
Mon fils est toujours à Rennes, et sa femme a des soins infinis de me divertir. M. de Lauzun s’en va en Irlande romanesquement[5] avec six mille hommes. Conservez-vous, ma très-chère, et aimez-moi avec cette tendresse qui est faite tout exprès pour nous.
- ↑ 38. « Mon vieux ami. » (Édition de 1754.) -- On lit dans l’Élat de la France de 1689 : « Saint-Malo. M. le marquis de Guemadeuc, gouverneur; M. de S. Marie, lieutenant. »
- ↑ 39. Officier des mousquetaires, celui qui avait conduit à Pignerol Foucquet et Lauzun. -- Voyez tome I, p. 443, note 3.
- ↑ 40. « II dit que c’est moi qui les lui ai données. Vous vous souvenez comme je l’ai converti, en lui donnant, etc. »(Édition de 1754.)
- ↑ 41. Cette petite phrase n’est pas dans l’édition de 1737.
- ↑ 42- « S’en va romanesquement en Irlande, etc. » (Édition de 1754) -- Voyez le Journal de Dangeau, aux 29 octobre et 30 novembre 1689. Lauzun ne partit que l’annêe suivante, le 17 mars. Voyez l’Histoire de Louvois par M. Rousset, tome IV, p. 382 et 383.
de la phrase, les deux éditions de Perrin donnent « prêt (et non près) de revenir. » Voyez le Lexique.