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mande que cela n’étoit bon que pour M. de Grignan ; je ne veux que cela pour le confondre : n’est-ce donc rien que d’être bon à son aîné, dans une place comme celle-là ? Il n’aura qu’à voir combien cela fera plaisir à Monsieur d’Aix, pour juger combien cela est mauvais à M. de Grignan. Et depuis quand un Grignan compte-t-il pour rien d’être utile à sa maison ? Eux que vous dites qui en aiment jusqu’à la moindre goutte, sous quelque figure que ce puisse être, n’ont-ils point assez- marqué dans les occasions publiques qu’ils ne sont qu’un ? D’où vient qu’il plaît à Monsieur l’ Archevêque de se démentir, et de renoncer à cette belle et heureuse réputation ? Je trouve comme vous qu’il faut être bien pointilleux pour être blessé d’un petit morceau de bois sur un banc, qui fait la différence des places[1]10, qui ne tombe ni sur la personne ni sur le nom, et qui n’est fondée, dans cette assemblée seulement et pendant quelques jours, que sur les rangs de l’archevêque d’Aix et de l’archevêque d’Arles. Cela doit-il faire prendre la résolution de parler au Roi comme un homme qui a fait longtemps un sacrifice dont le poids et le dégoût lui sont enfin devenus insupportables ? Est-il possible que le Roi soit entré véritablement dans cette peine, et qu’il n’ait point été surpris que l’honneur de le servir, qu’on avoit tant fait valoir en prenant cette place, ne puisse plus le soutenir contre un chagrin qui n’est que dans son imagination ? Enfin, ma fille, je suis blessée de cette abdication, et je souhaite à celle-là le même repentir qu’aux autres, afin de nous venger. Mais je vous en dis tant, que j’y renverrai Monsieur l’Archevêque, s’il me fait l’honneur de vouloir que je lui dise

    même, le 9 mars. le Coadjuteur était devenu archevêque, par, la mort de son oncle, et il ne voulait pas reconnaître la prééminence du siège d’Aix sur le sien.

  1. 10. Voyez ci-après la lettre du 27 novembre suivant, p. 328.