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grande compagnie, sans que la bise s’en soit mêlée elle vous auroit étourdis, on ne se seroit pas entendu, vous étiez assez de monde sans elle. Il me paroit que Flame sait bien vous servir, sans embarras et d’un bon air je vois tout cela, ma chère enfant, avec un plaisir que je ne puis vous représenter. Je souhaitois qu’on vous vît dans votre gloire, au moins votre gloire de campagne, car celle d’Aix est encore plus grande, et qu’il mangeât chez vous autre chose que notre poularde et notre omelette au lard. Il sait présentement ce que vous savez faire : vous voilà en fonds pour faire à Paris tout ce que vous voudrez ; il a vu le maigre et le gras, la tourte de mouton et celle de pigeons. Coulanges a fort bien fait aussi son personnage ; il n’est point encore baissé : je crains pour lui ce changement, car la gaieté fait une grande partie de son mérite. Il étoit là, ce me semble, à la joie de son cœur, prenant,intérêt à tout ce qui s’y passoit4, et transporté des perfections de Pauline. Vous l’accusez toujours de n’être joli qu’avec les ducs et pairs ;je l’ai pourtant vu bien plaisant avec nous ; et vous me contiez des soupers pendant que j’étois ici, il y a cinq ans, qui vous avoient bien divertie. M. de Chaulnes m’écrit6 :voilà sa lettre; vous verrez s’il est content de vous tous, et de la manière dont vous savez faire les honneurs de chez vous 6 Il vous a fait rire du génie ; le mien n’a point paru à Grignan : on a d’autres affaires plus agréables que de l’entretenir. Vous entendiez bien à peu près ce qu’il eût voulu dire, et vous avez fait trop d’honneur à mon souvenir :vous m’avez nommée plusieurs fois, vous avez bu ma santé. Coulanges a grimpé sur sa chaise ; je trouve le

4. « Prenant intérêt à la bonne réception. » (Édition de 1754.) 

5. « M’a écrit, » (Ibidem.)

6. « Les honneurs de votre château,  » (Ibidem.)

7. «  Vous entendez bien. » (Ibidem.)