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̃ décidée sur celle du marquis[1] : il a une application et une envie de bien faire qui nous en répondent ; il n’y eut jamais de plus heureux commencements[2] : Dieu le conserve ! Dieu le conserve !

Je serois transportée d’avoir un portrait de Pauline ; apportez-en un avec vous, ma fille, je suis assurée qu’elle me plaira ; je me la représente assez bien : j’y, mets un peu du comte des Chapelles[3], un peu de Grignan en beau, et je fais de tout cela une fort jolie fille[4], qui a l’air noble, qui a de l’esprit, et son esprit lui sied bien ; et je la caresse et l’embrasse de tout mon cœur.

Conservez-vous, ma chère Comtesse, pour votre maison, pour votre fils, pour votre mère. Je ne vous défends[5] point les melons, puisque vous avez de si bon vin pour les cuire. M. de Chaulnes me les défendoit de votre part, et j’y consentois, parce qu’ils n’étoient pas bons ; mais il me falloit permettre[6] de suer ; je revenois le soir à Auray, après une légère promenade, comme si je fusse revenue de jouer une partie de longue paume ; je me faisois essuyer, je me déshabillois, j’arrivois pour souper toute fraîche ; je me moquois de moi la première, afin que les autres ne s’en moquassent pas ; et de tout cela, je m’en porte tout à fait bien. Il faisoit fort chaud ; j’ai toujours été sujette à suer : je pense qu’il vaut mieux ne point changer de tempérament que d’en changer ; je ne crois point que cela se doive appeler effervescence[7] il me semble que mon pot n’en bouilloit pas plus fort,  »

  1. 12. « Sur le mérite du marquis, » (Édition de 1754.)
  2. 13. « De si heureux commencements, »(Ibidem.)
  3. 14. Voyez tome II, p. 319, note 7, et tome VI, p. 392.
  4. 15. « Une jolie personne, » (Édition de 1754.)
  5. 16. a  ; je ne vous défends point, »
  6. 17. « Mais il falloit me permettre. » (Édition de 1737.)
  7. 18. Voyez ci-dessus, p. 146 et la note 9.