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chée ? Je veux que votre enfant vous aille voir, et je crois que je veux aussi que Monsieur le chevalier joigne les deux saisons des eaux par un hiver en Provence : trouvez-vous que je dise mal? Un retour dans l’automne ne gâteroit-il point tout ce qu’il auroit fait ? Ne doit-il point abandonner une année entière[1] à l’espérance de sa gûérison, pendant qu’il y est? Enfin, ma belle, je parle en l’air, selon mes petites lumières ; mais je ne saurois avoir mauvaise opinion de Balaruc, après ce que j’en ai ouï dire à nos capucins[2]6. Il est vrai que le voyage est long, c’est un malheur mais combien de malades vont encore plus loin Vous[3] me faites peur de l’esquinancie de votre fille aînée[4] c’est le mal du monde que je crains le plus ; vous me dites qu’elle a de qui tenir ; j’y songe souvent. Vous avez été bien échauffée à Avignon, vous n’avez point dormi : cette vie est admirable pour enflammer la gorge. Gardez bien votre baume tranquille, c’est un remède infaillible : je vous ai conté l’effet qu’il fit à Mme de Chaulnes, elle n’avaloit rien du tout ; ne soyez jamais sans ce baume précieux, je vous en conjure. C’est un étrange mal que celui de Pauline ; elle doit être bien pâle, la pauvre enfant! il faut tâcher de la guérir. Je trouve du prodige dans vos eaux de Vals[5]9, qui sont éga-

  1. 5. Le mot entière et deux lignes plus loin le mot mais, ne sont pas dans le texte de 1754.
  2. 6. On lit dans le Dictionnaire général des eaux- minérales (1860) qu’aujourd’hui encore les eaux de Balaruc attirent beaucoup de malades affectés de rhumatismes chroniques et goutteux.
  3. 7. Cette phrase et les trois suivantes manquent dans l’édition de 1737, qui continue ainsi : « Au reste, c’est un prodige que vos eaux de Vals soient également bonnes, etc. »
  4. 8. Sans doute Marie-Blanche.
  5. 9. Çhef-lleu.de canton de l’Ardèche, à quatre lieues et demie de Privas, à une et demie d’Aubenas, dans une belle vallée qu’arrose le torrent de la Volanne. La composition des eaux de Vais les rapproche de celles de Vichy.