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loup, nos gens soupent; je retourne[1] avec elle à la place Coulanges[2], au milieu de ces orangers ; je regarde d’un œil d’envie la sainte horreur au travers de la belle porte de fer[3] que vous ne connoissez point ; je voudrois y être ; mais il n’y a plus de raison. J’aime cette vie mille fois plus que celle de Rennes : cette solitude n’est-elle pas bien convenable à une personne qui doit songer à soi, et qui est ou veut être chrétienne ? Enfin, ma chère enfant, il n’y a que vous que je préfère au triste et tranquille repos dont je jouis ici ; car j’avoue que j’envisage avec un trop sensible plaisir que je pourrai, si Dieu le veut, passer encore quelques jours[4] avec vous. 11 faut être bien persuadée de votre amitié, pour avoir laissé courir ma plume dans le récit d’une si triste vie. J’ai envoyé un morceau de votre lettre à mon fils, elle lui appartient :

Quand c’est pour Jupiter qu’on change…[5]

cet endroit est fort joli ; votre esprit paroit vif et libre. Vous êtes adorable, ma chère fille, et vous avez un courage[6] et une force et un mérite au-dessus des autres ; vous êtes bien aimée aussi au-dessus des autres. Adieu[7]19, ma très-chère et très-aimable : j’espère que





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  1. 13. « On soupe pendant l’entre chien et loup; je retourne, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 14. C’est la place où est l’écho ; et « c’est encore dans cet endroit que les orangers du château sont rangés sur deux lignes, » est-il dit dans les Tablettes de voyage de Mme Monmerqué, » édition (Paris, 1851, p. 30).
  3. 15. Cinq belles grilles placées dans un mur demi-circulaire, en face du château, séparent le parterre du parc des Rochers. (Note de l'édition de 1818.)
  4. 16. «  Quelque temps, » (Édition de 1754.)
  5. 17. Vers de l’Isis de Quinautt. Voyez tome VI, p. 443 et note 20.
  6. 18. « paroît vif et libre. Vous avez un courage, etc. (Édition de 1754-)
  7. 19. Cette phrase n’est pas dans l’impression de 1737.