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drois que votre grand garçon eût été à cette campagne contre les Turcs, où tous nos François ont acquis tant d’honneur[1]. Adieu, mon cher cousin si vou venez ici, nous causerons à l’infini. Je me repens de tout ce que je vous ai dit pour vous détourner de faire ce voyage ; j’étois de méchante humeur de votre fortune qui n’est pas heureuse. Oubliez mes sots raisonnements, je vous prie, et venez avec toute la confiance que vous doivent donner vos longs services, et la grande justice de vos raisons. J’embrasse ma nièce, je la plains des maux qu’elle a eus, et je l’exhorte autant qu’il est en moi à se bien porter, car après le salut, je mets la santé au premier rang, et je prie Dieu qu’il vous conserve tous deux. Il me semble que c’est souhaiter en même temps que vous m’aimiez longues années car je m’imagine que nous ne nous aviserons jamais de mettre à nos amitiés d’autres bornes que celles de nos vies.

DE CORBINELLI.

IL est vrai, Monsieur, que je vous ai parlé de la cour comme si vous ne la connoissiez pas ; mais je vous en ai parlé, comme on fait aux plus vieux courtisans, quand ils en ont été dehors seulement huit jours : c’est un Protée qui change de face à tous moments. J’ai ouï dire à un officier de la cour des plus assidus, que quand il a été deux jours à Paris, il tâte le pavé quand il retourne à Versailles, comme s’il ne connoissoit plus le maitre ni ses ministres ; on y change de maximes tous les huit

  1. 8. La Gazette, à la fin de la relation mentionnée plus haut (note 6), dit que « plusieurs volontaires françois (elle nomme en particulier le marquis de Villars) donnèrent des marques d’un courage extraordinaire. »