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1022. DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELL1 AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Quinze jours après que j’eus écrit cette lettre à Mme de Sévigné, j'en reçus cette réponse.

A Paris, ce dernier de mai 1687.

DE MADAME DE SÉVIGNẺ.

JE demanderai à mon fils toutes les dates que vous me demandez sur le changement de ses charges :il sait tout cela à point nommé ; pour moi, je confonds quasi toutes les années, parce qu’il n’y en a qu’une ou deux, dans mon imagination, qui ait mérité d’y demeurer, et d’y tenir sa place.(1); Ainsi j’écrirai en Bretagne.

Il faudroit n’avoir jamais été à la campagne, pour ignorer la signification du mot de glaner. C’est une petite consolation que la Providence donne aux pauvres, dont nous sommes (2) l’exemple quand nous allons ramasser de petites parties égarées. Je ne sais comment vous vous trouvez de vos terres. Pour moi, mon cousin, ma terre de Bourbilly est quasi devenue à rien par le rabais et par le peu de débit des blés et autres grains. Il n’y a que d’y vivre qui pût nous tirer de la misère ; mais quand on est engagé ailleurs, il est comme impossible de transporter nos revenus.

Je soupirai en voyant le manoir de nos pères à Monthelon(3) mais Toulongeon soupiroit.(4)encore davantage,

LETTRE. 1022-- 1. Le manuscrit donne ait, au singulier, et sa place; les éditeurs ont corrigé aient et leur place 2. Tel est le texte du manuscrit et de toutes les éditions. N’est-ce pas plutôt s.suivons qu’il faudrait lire ? 3. Voyez tome IV, p. 13, note 20. 4.Une autre main que celle de Bussy a ajouté ici dans l’interligne, après soupiroit, les deux mots : " je crois.