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« Monsieur, je vous laisse en bonnes mains, » avec un air qui me donna de l’émotion[1] , et dans cet état j’eus la sagesse de me taire : j’avois pourtant certaines petites choses[2] à lui dire, mais je ne dis rien. Si vous suivez le conseil de vos amis, vous rangerez vos affaires pour venir cet hiver achever ce qui reste, afin de n’y plus penser[3]. car avec les arrêts que vous avez, il n’y a plus rien du tout à craindre ; mais ce qui est fait est fait, et vous ajusterez ce reste[4] avec la chevalerie de M. de Grignan, et un petit brin de cour ; vous verrez votre enfant : tout cela ensemble vous fera prendre une bonne résolution. La comparaison que vous faites de M. Gui[5], qui a la rage de vouloir être condamné dans tous les tribunaux, avec ce fou qui essayoit toujours de ressusciter un mort, sans pouvoir en venir à bout, m’a bien humiliée. Je vois le bon usage que vous faites de ce conte, où j’ai péri malheureusement un jour, en présence du chevalier, qui ne me l’a pas encore pardonné : ce fut un grand malheur, car il est vrai qu’il périt entièrement entre mes mains. Vous l’avez ressuscité, ma chère belle, et vous l’avez fort bien appliqué. [6]

    néant, comme sur sa requête. Elle sortoit de chez un juge lorsque j’y entrois : elle lui dit, etc. (Édition de 1764.)

  1. 7. « L’air qu’elle mit à ses paroles me donna de l’émotion. (Ibidem.
  2. 8. « J’avois bien pourtant quelques petites choses, etc. » (Ibidem.)
  3. 9. Les mots afin de n’y plus penser, » manquent dans l’impression de 1754.
  4. 10. Et vous ajusterez le jugement de la requête civile
  5. 11. Voyez plus haut, p. 521 et 527.
  6. 12. « Je vois le bon usage que vous faites de ce conte, qui périt entièrement un jour entre mes mains, en présence du chevalier : ce fut un grand malheur, car je trouve le conte fort bon. Vous l’avez ressuscité, ma chère belle, et vous l’avez très-bien appliqué. » (Édition de 1754.)