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donec ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum.[1] Je défie Messieurs de Meaux, d’Autun, Fléchier[2] et Bourdaloue, ces grands panégyristes, de faire un plus bel éloge du Roi que cela. J’eusse été ravi de vous revoir ici, Monsieur, pour rendre votre visite au roi d’Angleterre ; mais, comme il est parti, nous en perdons l’espérance. Adieu, Monsieur conservez -moi l’honneur de vos bonnes grâces, comme à l’homme du monde qui en connoit mieux le prix. Je dis la même chose à Madame la Marquise.

1152. DE MADAME DE SÉVIGNÉ A MADAME ET A MONSIEUR DE GRIGNAN.

A Paris, ce vendredi iÔe mars.

Vous avez bien raison, ma chère enfant, de croire que je serai affligée de la perte de Monsieur l’Archevêque. Vous ne sauriez vous représenter combien le vrai mérite, la rare vertu, le grand esprit[3] et le cœur parfait de ce grand prélat, me le font regretter. Je ne puis songer à sa bonté pour sa famille, à sa tendresse pour tous en général, et pour vous et votre fils en particulier, sans qu’il me paroisse un grand vide dans votre maison, qui ne se remplira jamais; non jamais, je ne crains point de le dire il n’y a point d’esprits, ni de cœurs sur ce moule; ce sont des sortes de métaux qui ont été altérés par la corruption du temps enfin il n’y en a plus[4] de cette vieille roche. Vous

  1. 11. Le Seigneur a dit à mon Seigneur : « asseyez-vous à ma droite, jusquà ce que je fasse de vos ennemis l'escabeau de. vos pieds » Psaume CIX, verset 1.
  2. 12. Nommé évêque de Nimes depuis 1867.
  3. LETTRE 1152. -- 1. « Le bon esprit. »(Edition de 1754.)
  4. 2. « Et il n'y en a plus. »