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lis, à cause de la jeunesse[1], le minet. Enfin il me paroît que cela va fort bien. Monsieur le chevalier me le mandoit aussi ; tenez, voilà son billet : cette louange en l’air, toute naturelle, vous fera plaisir. Vous en aurez aussi d’apprendre[2] ce que c’est que d’avoir une belle compagnie, ou d’en avoir une mauvaise. M. de Louvois[3] dit l’autre jour tout haut à M. de Nogaret[4] « Monsieur, votre compagnie est en fort mauvais état.-- Monsieur, dit-il, je ne le savois pas.-- II faut le savoir, dit M. de Louvois l’avez-vous vue? ̃ Non[5], dit Nogaret.-- II faudroit l’avoir vue, Monsieur.-- Monsieur, j’y donnerai ordre.-- Il faudroit l’avoir donné. Il faut prendre parti, Monsieur ou se déclarer courtisan, ou s’acquitter de son devoir quand on est officier. » II me paroît que tout cela perce à jour Mme de Gauvisson [6]. elle voit ce que c’est que de négliger le service ; et vous devez avoir une grande joie de la belle et bonne compagnie du marquis que vous avez faite, et de son exactitude, et de son pied de la lettre, et de son voyage à Châlons : voilà le payement de vos peines et des siennes. C’est de Monsieur le chevalier que je sais ce petit dialogue ; mais comme il dit qu’il ne vous mande pas ces sortes de détails, j’ai cru vous divertir de vous l’apprendre.





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  1. 10. « A cause de sa jeunesse. » (Édition de 1754.)
  2. 11. « Vous ne serez pas fâchée aussi. » (Ibidem.)
  3. 12. Le passage contenu dans notre manuscrit ne commence qu’ici, et finit douze lignes plus loin, aux mots « que vous avez faite, » inclusivement.
  4. 13. Louis de Louet, dit le marquis de Nogaret, capitaine de cavalerie, tué à Fleurus le 1er juillet 1690. Il épousa le 5 juillet 1689 Marie-Madeleine-Agnès de Gontaut Biron, fille d’honneur de la Dauphine, morte aux filles de Sainte-Marie du faubourg Saint-Jacques, le 14 août 1724.
  5. 14- « Non, Monsieur. (Éditions de 1787 et de 1754.)
  6. 15. Mère de Nogaret