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vous faites de cet homme pris et possédé de son savoir, qui ne se donne pas le temps de respirer, ni aux autres, qui veut rentrer à toute force dans la conversation, et qui est toujours au guet pour prendre au bond l’occasion de se remettre en danse. ma chère enfant [1], cela est du Titien. Je soupai avant-hier- chez Mme de Coulanges avec ces bonnes duchesses [2]; Barrillon y étoit; il but votre santé avec un air d’adoration pour Mlle de Sévigné et pour Mme de Grignan il n’est point gâté de dix ans d’ambassade.

Mme d’Acigné[3] me vint voir hier ; elle me conta comme M. de Richelieu est un chevalier de la Chandeleur, aussi bien que M. de Grignan, et plusieurs autres, dont les preuves ou les attestations n’étaient pas venues avant le jour de l’an. Tilladet[4] sera chevalier ce jour-là, et les autres seront proposés au chapitre; on vous envoie le cordon en même temps :voilà le vrai, et ce que nous n’avions pas su.

Vous vous lamentez sur ce pauvre chevalier, qui n’a plus de douleurs; il fut hier tout le jour en visites avec

  1. 2. Dans l'Edition de 1754...ni aux autres, et qui veut rentrer à toute force dans la conversation. ma chère enfant, etc. »
  2. 3. Mmes de Chaulnes et du Lude. (Note de Perrin, 1754.) L’impression de 1737 donne seulement « chez Mme de Coulanges avec Barrillon, qui but à votre santé, etc. »
  3. 4 Voyez tome VII, p. 48, note 5.
  4. 5. L’édition de 1737 n’a pas le commencement de cette phrase; elle donne simplement : « Cependant on vous envoie lé cordon voilà le vrai, et ce que nous n’avions pas su. » Elle n’a pas non plus l’alinéa suivant. L'État de la France de 1689 ne nomme, comme ayant reçu le cordon bleu des mains du Roi, le jour de la Chandeleur (2 février), que quatre chevaliers, qui sont le duc de Béthune-Charost, le marquis de Tilladet, le marquis de Béringhen le fils, et le marquis de Calvo. Le duc de Richelieu figure, ainsi que le comte de Grignan, dans la liste de ceux qui, à cette époque, n’étaient pas encore venus recevoir l’habit et les colliers des ordres.