prit à celui que vous connoissez[1]. Je ferai tous vos compliments, quand ils seront vraisemblables ; je les ai faits à Mme de Sully, qui vous en rend mille de très-bonne grâce, et à la Comtesse[2]. qui est trop plaisante sur M. de Lauzun, qu’elle vouloit mettre sur le pinacle, et qui n’a encore ni logement à Versailles, ni les entrées qu’il avoit. Il est tout simplement revenu à la cour, et son action n’a rien de si extraordinaire ; on en avoit d’abord composé un fort joli roman.
Cette cour d’Angleterre est toute établie à Saint-Germain ; ils’ont voulu que cinquante mille francs par mois, et ont réglé leur cour sur ce pied. La reine plait fort; le Roi cause agréablement avec elle ; elle a l’esprit juste et aisé. Le Roi avoit desiré que Madame la Dauphine y allât la première; elle a toujours si bien dit qu’elle étoit malade, que cette reine la vint voir il y a trois jours[3] , habillée en perfection : une robe de velours noir, une belle jupe, bien coiffée, une taille comme la princesse de Conti[4], beaucoup de majesté : le Roi alla la recevoir à son carrosse[5], où elle fut d’abord chez lui, où elle eut un fauteuil au-dessus de celui du Roi ; elle y fut une demi-heure, puis il la mena chez Madame la Dauphine, qui fut trouvée debout : cela fit un peu de surprise ; la reine lui dit : « Madame, je vous croyois au lit. Madame, dit Madame la Dauphine, j’ai voulu me lever pour
- ↑ 4. Celui qu'avait cconnu Melle de Sévigné, celui qui lui écrivait en 1671 : voyez tome II, p. 119.
- ↑ 5. La comtesse de Fiesque. Son cousin germain le marquis de Beuvron avait été, ainsi que le duc de Sully, de la dernière promotion
- ↑ 6. Le 13 janvier.Voyez à cette date le Journal de Dangeau.
- ↑ 7. Voyez tome III, p. 365. « On n’a vu aucune personne de grande taille danser parfaitement, si ce n’est la grande princesse de Conti, mais personne au monde ne dansait aussi bien qu’elle. » (Correspondance de Madame, tome II, p. 353 et 354.)
- ↑ 8.Voyez la note 10