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bien qu’elle n’est pas fille de Jupiter, et qu’ainsi elle ne mérite pas le titre de divine que vous lui donnez ; cependant elle vous sait le gré qu’elle doit de toute la bonne opinion que vous avez d’elle.


1687

1017. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Sept jours après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 5e avril 1687.

Madame de Montataire m’est venue voir aujourd’hui ; et me parlant de vous, elle m’a fait une frayeur étrange, mon cher cousin, de l’état où elle m’a dit qu’avoit été ma pauvre nièce de Coligny. Il n’y a qu’un degré au delà de ce qu’elle a été ; et ce degré est si terrible, que je n’ose seulement y penser, et par rapport à elle, et par rapport à vous, mon cousin, dont la vie feroit pitié sans cette douce et agréable société.. Dites-moi donc vitement comment elle se porte, et comment vous vous portez. Je ne m’étonne pas que vous ne me fissiez point de réponse : hélas ! mes pauvres enfants, vous aviez bien d’autres choses à faire.

Vous avez présentement votre aimable évêqueT[1]. Je vous plains si vous n’êtes pas en état de profiter du séjour qu’il doit faire à Autun. Il m’avoit priée de lui écrire ; mais je vous déclare que je n’en ferai rien : je suis étourdie et accablée de la beauté de son esprit. Je vis par hasard, au moment qu’il partoit, deux pièces toutes divines qu’il a faites, et à mesure que je les lisois, et que j’en étois char-

  1. Lettre 1017. — 1. L’évêque d’Autun, Gabriel de Roquette.