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de commander un des régiments de milice qu’il fait lever en Bretagne[1] Mon fils ne peut envisager de rentrer dans le service par ce côte-là il en a horreur, et ne demande que d’être oublié chez lui[2]. Monsieur le chevalier approuve ce sentiment, et moi aussi, je vous l’avoue n’êtes-vous pas de cet avis, ma chère enfant ? Je fais grand cas de vos sentiments, qui sont toujours les bons, principalement sur le sujet de votre frère. N’entrez point dans ce détail, mais dites en gros que qui fait plaisir au frère, en fait à la sœur. M. de Momonter présentement cinq ou six tous les jours. Vous ai-je dit

[3] est allé en Bretagne avec des troupes, mais si soumis à M. de Chaulnes, que c’est une merveille. Ces commencements sont doux, il faut voir la suite.

Je trouvai hier Choiseul16. Le duc de Choiseul (César-Auguste, mort en avril 170S, à soixante-huit ans) et le célèbre comte (Claude, alors gouverneur de Langres et de Saint-Omer, maréchal en 1693, mort à soixante-dix huit ans en mars 1711) furent l’un et l’autre de cette promotion. Nous ne savons duquel Mme de Sévigné parle ici. Voyez sur le premier, d’après Saint-Simon (tome I p. 41) « excellent homme de guerre, » mais d’ailleurs un assez pauvre homme et le meilleur homme du monde, notre tome VII, p. 344, note 5; sur le second, voyez tome III, p. 2, note 5, et l’éloge sans restriction qu’en a fait Saint-Simon, dont il était l’ami (tome IX, p. 82 et 83 des Mémoires).

avec son cordon il est fort bien ; ce seroit jouer de malheur de n’en pas rencontrer présentement cinq ou six tous les jours. Vous ai-je dit
  1. 13.« Le premier des régiments de milice. » (Édition de 1754.) « Le Roi a fait un règlement du 29 du mois dernier, suivant lequel les gouverneurs des provinces et les intendants doivent travailler incessamment, dans toutes les généralités du royaume, à mettre sur pied des régiments de milice d’infanterie, qui soient toujours en état de marcher aux lieux où il sera jugé à propos pour la sûreté des frontières et des côtes; et cette levée doit être de vingt-cinq mille cinquante hommes, sans y comprendre les officiers. » (Gazette du 18 décembre 1688.).
  2. 14. « Que d’être oublié dans son pays. » (Édition de 1754.)
  3. 15. Voyez ci-dessus, p. 369, note 7.