Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/352

Cette page n’a pas encore été corrigée

346

1688

Je soupai hier chez la duchesse du Lude avec Mme de Coulanges, le premier président de la cour des aides8 [1], le Troyen[2] , et la maréchale de Créquy. Elle me fit plaisir, je l’avoue, en me disant qu’elle savoit que votre fils s’étoit acquis bien de l’honneur dans cette première campagne; qu’elle le savoit d’un endroit non suspect, et que non seulement pour la hardiesse, pour le sens froid, il s’étoit distingué, mais encore pour la sagesse, s’étant retiré de certaines parties trop gaillardes, sans faire le Caton, ni sans se faire haïr; et que ces commencements étoient admirables, qu’elle s’en réjouissoit avec vous et avec moi. Ces louanges en détail, et appuyées d’une personne qui n’est point flatteuse, m’ont paru dignes de vous être mandées. Nous tînmes hier chapitre chez Mme de Lavardin, toutes les veuves, et Mlle de la Rochefoucauld, [3]il sembloit que nous ne fussions assemblées que pour parler de vous et vous célébrer. Vous connoissez la solidité des tons de Mme de Lavardin : nous y demeurâmes encore d’accord sur la chose présente, que chacun conservoit sa place, les grands sans être rabaissés, et les autres sans être rehaussés, au contraire.

M. de Grignan fait fort bien de triompher sur les louanges que je lui donne touchant cette première campagne de son fils : il n’en sait pas encore tout le prix;

[4]

  1. 8Nicolas le Camus.
  2. 9. Les deux mots le Troyen (c’est-à-dire l’évêque de Troyes Chavigny), manquent dans le texte de 1754. Voyez tome IV, p. 358, note 3.
  3. 11reçue dans le corps, comme je vous ai dit Voyez ci-dessus, p. 226, note 21.,
  4. 10. «  Cette dernière me fit plaisir, je vous l’avoue, en me disant, après bien des compliments pour tous, que votre fils s’étoit acquis bien de l’honneur dans cette dernière campagne qu’elle le savoit d’un endroit non suspect, et que non-seulement pour la hardiesse et pour le sens froid, mais pour la sagesse, il s’étoit distingué, s’étant retiré  », etc. (Editïon de 1754.)