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1106. DU COMTE DE BUSSY RABUTIN A MADAME DE SÉVIGNẺ ET A CORBINELLI.

Quatre jours après que j’eus reçu cette lettre (1101, p. 311), j’y fis cette réponse.

A Chaseu, ce 18è décembre 1688.

A MADAME DE SẺVIGNÉ.

JE vois bien, Madame, que vous n’avez dû être en repos qu’au retour de Monseigneur, et que vos alarmes n’ont pas été sans fondement. A la vérité, Dieu a récompensé vos peines par le choix de M. de Grignan pour être dans le nombre des chevaliers de l’ordre du Roi. Son absence ne lui a pas nui : elle ne fait tort en cette rencontre qu’à ceux qui ne sont pas dans le service ; et une marque de cela est que la plupart des officiers d’armée qui ont été nommés ne sont point à la cour. C’est comme vous dites un grand agrément à M. de Grignan de ne pas être à la cérémonie : cela lui sauvera bien de la peine et bien de la dépense. Je vous assure, Madame, que j’en suis fort aise, et je ne me contente pas de vous le dire, je le témoigne aussi à la belle Comtesse. Pour moi, ma chère cousine, qui devrois être aujourd’hui le doyen des maréchaux de France, je ne sens guère la privation d’un honneur bien au-dessous de celui-là. Il y a vingt et six ans que je dis au Roi qu’il ne doneroit pas l’ordre du Saint-Esprit à un gentilhomme qui eût quatre raisons toutes ensemble que j’avois pour le mériter, qui étoient la naissance, les longs services à la guerre., une’charge qui avoit toujours procuré cet honneurLETTRE 116. 1. Celle de mestre de camp général de la cavalerie légère., et que je n’avois jamais eu aucune grâce de la



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