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tumer à la gronder et à l’humilier. Toutes mes amies me chargent très-souvent de mille amitiés, de mille compliments pour vous. Mme de Lavardin vint hier ici me dire qu’elle vous estimoit trop pour vous faire un compliment, mais qu’elle vous embrassoit de tout son cœur, et ce grand comte de Grignan voilà ses paroles. Vous avez grande raison de l’aimer.

Voici un fait : Mme de Brinon, l’âme de Saint-Cyr, l’amie intime de Mme de Maintenon, n’est plus à SaintCyr5 [1] elle en sortit il y a quatre jours; Mme d’Hanovre[2], qui l’aime, la ramena à l’hôtel de Guise, où elle est encore. Elle ne paroît point mal avec Mme de Maintenon car elle envoie tous les jours savoir de ses nouvelles ; cela augmente la curiosité de savoir quel est donc le sujet de sa disgrâce. Tout le monde en parle tout bas, sans que personne en sache davantage ; si cela vient à s’éclaircir, je vous le manderai.

1103. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, ce lundi 13è décembre.

JE n’eusse jamais cru être bien aise de ne point voir

  1. 5. Mme de Brinon fille d’un président du parlement de Normandie, était entrée aux Ursulines. Mme de Maintenon lui confia la direction de Saint-Cyr, où elle se rendit insupportable par sa hauteur. Elle en sortit le 3 décembre 1688, et, après un court séjour chez la duchesse de Hanovre, elle se retira à l’abbaye de Maubuisson. Voyez les Souvenirs de Mme de Caylus, tome LXVI, p. 449 et suivantes, et une note de M. Lavallée, tome I, p. 2, des Lettres historiques et édifiantes de Mme de Maintenon.
  2. 6. Voyez tome VI, p. 190, note 31. Mme d’Hanovre était, avec sa sœur Madame la Princesse et Mademoiselle, héritière de Mlle de Guise, morte au mois de mars précédent voyez la lettre à Bussy