Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/322

Cette page n’a pas encore été corrigée

3i6

i688

d’esprit que Dangeau nous éontoit l’autre jour2; il les admire, et je pèse sur l’agrément et sur l’utilité même de cette sorte de vivacité. Enfin, je ne suis point désapprouvée par Monsieur le chevalier. Nous parlons ensemble de la lecture, et du malheur extrême d’être livré à l’ennui et à l’oisiveté; nous disons que c’est la paresse d’esprit qui ôte le goût des bons livres, et même des romans comme ce chapitre nous tient au cœur, il recommence souvent. Le petit d’Auvergne’ est amoureux de la lecture il n’avoit pas un moment de repos à l’armée qu’il n’eût un livre à la main; et Dieu sait si M. du Plessis et nous, faisons valoir cette passion si noble et si belle nous voulons être persuadés que le marquis en sera susceptible nous n’oublions rien du moins pour lui inspirer un goùt si convenable. Monsieur le chevalier est plus utile à ce petit garçon qu’on ne peut se l’imaginer il lui dit toujours les meilleures choses du monde sur les grosses cordes de l’honneur et de la réputation, et prend un soin de ses affaires dont vous ne sauriez trop le remercier il entre dans tout, il se mêle de tout, et veut que le marquis ménage lui-même son argent, qu’il écrive, qu’il suppute, qu’il ne dépense rien d’inutile c’est ainsi qu’il tâche de lui donner son esprit de règle et d’écono3. Dangeau pouvait à cet égard se donner pour modèle. Voyez tome IV, p. 544, note 2.

3. Françoïs-Egon de la Tour, marquis de Berg-op-Zoom, prince d’Auvergne, petit-neveu de Turenne (voyez tome IV, p. 3a, note 6), né le i5 décembre 167S, fut mestre de camp d’un régiment de cavalerie, déserta en 1702, devint en 1704 major général des troupes de Hollande, et mourut en 1710. Il" avait épousé le 2o novembre 1707 Marie-Anne, fille de Philippe-Charles-François duc d’Arenberg et d’Arschot, prince du Saint-Empire, morte le 14 avril 1736. «C’était, selon Saint-Simon (tome IV, p. 3), un gros garçon fort épais et fort désagréable, extrêmement rempli de sa naissance. Un beau jour qu’il étoit de piquet, il^alla visiter les gardes du camp, et quand il y fut, piqua des deux et déserta aux ennemis comme un cavalier. »