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  • 1097- DE MADAME DE GRIGNAN A MONSIEUR DE LAMOIGNON[1]

A Aix, le 1er décembre.

Vous avez voulu, Monsieur, que je vous eusse une double obligation de la bonté que vous avez de vous intéresser à l’aventure de mon fils, et de me faire l’honneur de me le dire dans un temps où vous ne deviez penser qu’à vous délivrer heureusement de ce discours dont j’ai déjà ouï parler ; mais peut-être aussi, Monsieur, poussé-je ma reconnoissance trop loin, et ce qui embarrasse les autres ne vous est peut-être qu’un jeu du moins, par ce que j’ai eu le plaisir d’entendre d’autres années et la facilité de vos compositions et de la prononciation, je dois en juger ainsi. Ceux à qui vous donnez à souper[2] et que vous régalez d’une répétition de cette grande et belle action, m’ont fait des relations de ce qu’ils ont entendu qui m’assurent du succès du lendemain. Je vous en fais mon compliment par avance, Monsieur, et c’est à coup sûr que l’on vous en fait sur pareilles matières.

Je n’ai point douté, Monsieur, qu’un cœur comme le vôtre ne fùt sensible à l’aventure de notre enfant vous savez entrer dans les sentiments de vos amis, et de plus vous êtes un bon père [3]; ainsi vous ne m’aurez point

  1. 1LETTRE 1097 (revue sur une copie de l’autographe). 1. Chrétien François de Lamoignon, avocat général au parlement de Paris depuis 1678. Il a été parlé plus haut, p. 378, du discours dont Mme de Grignan lui fait compliment dans cette lettre, et qui avait été prononcé peu de temps après l’ouverture du parlement, laquelle avait lieu le lendemain de la Saint-Martin, c’est-à-dire du 11 novembre.
  2. 2Mme de Sévigné et le chevalier de Grignan. Voyez ci-dessus, p. 278.
  3. On voit dans la liste assez longue des enfants de Chrétien-François de Lamoiguon, qu’il lui était né depuis 1678 jusqu’à cette