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si j’approchois autant de la jeunesse que je m’en éloigne, j’attribuerois à cette agréable route la cessation de mille petites incommodités que j’avois autrefois et dont je ne me sens plus du tout : tenez-vous-en là mon enfant; et puisque vous m’aimez, ne soyez point ingrate envers Dieu, qui vous conserve votre pauvre maman d’une manière qui semble n’être faite que pour moi. Je ne songe plus à cette médecine; elle m’a fait du bien, puisqu’elle ne m’a point fait de mal. Je mangerai du riz, par reconnoissance du plaisir qu’il me fait de conserver vos belles joues, et votre santé qui m’est si précieuse. Ah ! qu’il faut qu’après tant de maux passés, vous soyez d’un admirable tempérament ! A quoi ne résistez-vous point[1]? peines d’esprit, peines corporelles, inquiétudes cruelles, troubles dans le sang, transes, émotions, tout y entre, sans compter les fondrières que vous rencontrez sans doute en votre chemin au delà de ce que vous pensiez : vous résistez à tout cela, ma chère fille, je vous admire et crois qu’il y a du prodige au courage que Dieu vous a donné. Cependant vous avez un petit garçon qui n’est plus ce petit maillot de Mme de Coulanges[2] : c’est un joli garçon, qui a de la valeur, qui est distingué entre ceux de son âge. M. de Beauvilliers en mande des merveilles au chevalier; et sur ce qu’il dit il n’y a rien à rabattre ; ce petit homme n’est que trop plein de bonne volonté nous sommes surpris comme ce silence et cette timidité ont fait place à d’autres qualités. Un si heureux commencement mérite qu’on le soutienne ; mais je





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  1. 4. Ce membre de phrase n’est pas dans le texte de 1754, qui donne, à la ligne suivante « peines de corps, » au lieu de « peines corporelles. »
  2. 6. Voyez la lettre du 11 novembre précédent, p. 257. Dans le texte de 1737 « qui n’est plus ce petit maillot, comme vous écrivoit l’autre jour Mme de Coulanges. »