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temps de commencer la campagne mais il vaut mieux profiter de ce petit moment, où j’ai le plaisir de faire de l’exercice[1] après un an de résidence, que point du tout. Je ne me repens pas même d’être demeurée si longtemps à Paris : j’avois Philisbourg à prendre, et à tirer notre enfant de ce siège ; c’étoit assez d’affaires. Présentement que je n’ai plus qu’à remercier Dieu[2] et de sa santé, et de votre repos, je viens faire mes actions de grâces dans ce joli pays ; j’y passerai quelques jours. Je crois que je portois malheur au chevalier, à force de lui souhaiter une bonne santé ; car dès que j’ai eu le dos tourné, il a eu la force d’aller dîner[3] chez l’abbé Têtu : j’en ai une véritable joie : je sais combien il souhaite d’aller à Versailles, et en voilà le chemin. Mme de Coulanges est encore plus aimable ici qu’à Paris : c’est une vraie femme de campagne ; je ne sais où elle a pris ce goût, il est naturel[4] en elle : Fais ce que voudras[5] est la devise d’ici; et il se trouve qu’on veut[6] se promener beaucoup car il fait fort beau : on lit, on est seule, on prie Dieu, on se retrouve, on fait bonne chère[7] ; je n’y suis que depuis vingt-quatre heures, mais on juge sur un échantillon.
J’attends demain une de vos lettres; ce n’est pas encore celle que je desire par-dessus les autres, qui est la réponse à la prise de Philisbourg : je souhaite de voir votre cœur dilaté, et dans une paix dont il a été éloigné depuis deux
- ↑ 2. de faire l'exercice,(Edition de 1754)
- ↑ 4. Comme je n'ai plus qu'à remercier Dieu (Ibidem)
- ↑ 5. « II a été en état d’aller dîner, » (Ibidem.)
- ↑ 6. « II paroît naturel. » (Ibidem)
- ↑ 7. Voyez la lettre du 8 octobre précédent, p. 200, note 13.
- ↑ 8. « et il arrive qu’on veut. » (Édition de 1754.)
- ↑ 9. Ces mots on fait bonne chère, ne sont pas dans le texte de 1737, qui n’a pas non plus la première phrase de l’alinéa suivant.