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-laquelle étoient neuf cents hommes[1] . Enfin la main de Dieu s’est visiblement appesantie sur cette flotte ; il en pourra revenir beaucoup, mais de longtemps ils ne seront en état de faire du mal, et il est certain que la déroute a été grande, et dans le moment qu’on l’espéroit le moins : cela a toujours l’air d’un miracle et d’un coup du ciel[2] . Je ne devrois point vous parler de cette grande nouvelle, les gazettes en sont pleines ; mais comme nous le sommes aussi, et qu’on ne parle d’autre chose, cela se trouve naturellement au bout de la plume. Voulez-vous encore un petit mot des blessures qui arrivent ailleurs qu’au siège de Philisbourg ? c’est du chevalier de Longueville[3] . La ville[4] étoit prise ; Monseigneur venoit voir passer la garnison ; ce petit chevalier monte sur le revers de la tranchée, pour regarder je ne sais quoi ; un soldat veut tirer une bécassine, et tire ce petit garçon ; il en est mort le lendemain[5] ; voilà une mort aussi bizarre que sa naissance. Je[6] vous ai

  1. 11. Dangeau ajoute en note, à son récit du 5 novembre : « Cet article des neuf cents Anglois ne s’est point trouvé vrai. Dans l’édition de 1754, il y a : « sur laquelle, » au lieu de « dans laquelle. »
  2. 12. « Et d’un coup de la Providence. »(Édition de 1754.)
  3. 13. Voyez tome III, p. 118, note 24, et le Journal de Dangeau, à la date du 4 novembre 1688. La Gazette du 13 novembre dit que le chevalier de Longueville mourut « d’un coup de mousquet qu’il reçut en faisant combler la tranchée.  » La succession du chevalier de Longueville donna lieu à un procès qui dura plusieurs années. Dangeau dit à la date du 9 mai 1692 « II y a quelques jours que le procès pour la succession du chevalier de Longueville fut jugé ; tout le bien a été adjugé au Roi... On croit que le Roi donnera ces biens-là à Monsieur le Prince, qui lui en demanda la confiscation d’abord qu’on apprit l, nouvelle de la mort du chevalier de Longueville. »
  4. 14. « La place, (Édition de 1737.)
  5. 15. Ce petit chevalier monta sur le revers de la tranchée. ..un soldat, croyant tirer une bécassine, tire ce petit garçon, qui en meurt le lendemain. » (Édition de 1754.)
  6. 16. Cette phrase et les suivantes, jusqu’à : « M. de la Bazinière, » ne sont pas dans le texte de 1737.