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<ref=follow=p247>. avait eu onze enfants, l’avant-dernier né en 1680, le dernier mort jeune.</ref>

sions! c'est sa destinée. Adieu, ma très-chère bonne: voilà bien de la conversation, car c’est ainsi qu’on peut appeller nos lettres courant de la plumeer nos lettres ; si celle-ci vous ennuie, j’en suis fâchée, car je l’ai écrite de bon cœur, et currente calamou.[1]

1082. DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Six semaines après que j’eus écrit cette lettre (n° 1066, p. 191), je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.

A Paris, ce 3e novembre 1688.

J’AI été si occupée, mon cher cousin, à prendre Philisbourg[2], qu’en vérité je n’ai pas eu un moment pour vous écrire. Je m’étois fait une suspension de toutes choses, à tel point que j’étois comme ces gens dont l’application les empêche de reprendre leur haleine. Voilà donc qui est fait, Dieu merci ; je soupire comme M. de la Souche[3], je respire à mon aise. Et savez-vous pourquoi j’étois si attentive ? c’est que ce petit marmot de Grignan y étoit. Songez ce que c’est qu’un enfant de dix-sept ans, qui sort de dessous l’aile de sa mère, qui est encore dans les craintes qu’il ne soit enrhumé. Il faut que tout d’un coup elle le quitte pour l’envoyer à Philisbourg, et qu’avec une cruauté inouïe pour elle-même, elle parte avec son mari pour aller en Provence, et qu’elle s’éloigne ainsi des nouvelles, dont on ne sauroit être trop proche; et qu’enfin quinze jours durant, elle tourne le dos, et ne fasse pas un pas qui ne l’éloigné de son fils, et de tout ce qui peut lui

  1. 15. Au courant de la plume
  2. 1LETTRE 1082. 1. Bussy écrit Philipsbourg.
  3. 2. Voyez tome II, p. 247, note 1.