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et Mme d’Uxelles, et Mme de Mouci, et Mlle de la Rochefoucauld(21), que nous avons reçue dans le corps des veuves; j’y mets aussi Mme de la Fayette; mais comme elle n’étoit pas hier chez Mme de Mouci, je la sépare: rien ne se peut comparer à l’estime parfaite de toutes ces personnes pour vous. Adieu, aimable et chère enfant: je parle souvent de vous avec plaisir, parce que c’est quasi toujours votre éloge. Nous sommes suspendus dans l’attention de Philisbourg et de vos nouvelles : voilà les deux points de nos discours.

                1077.- DE MADAME DE SÉVIGNÉ
                   A MADAME DE GRIGNAN.
                                A Paris, ce mardi 26e octobre.

OH ! quelle lettre, mon enfant, elle mérite bien que je sois revenue tout exprès pour la recevoir. Vous voilà donc à Grignan en bonne santé; et quoique ce soit à cent mille lieues de moi, il faut que je m’en réjouisse: telle est notre destinée; peut-être que Dieu permettra que je vous retrouve bientôt: laissez-moi vivre dans cette espérance. Vous me faites un joli portrait de Pauline ; je la reconnois, elle n’est point changée, comme disoit M. de Grignan: voilà une fort aimable petite personne, et fort aisée à aimer(1). Elle vous adore; et sa soumission à vos volontés, si vous voulez qu’elle vous quitte(2), me


21. Sans doute l’aînée des trois filles de la Rochefoucauld, dont Mme de Sévigné a déjà parlé (tome VI, p. 354) Marie-Catherine, née le 22 février 1637, morte le 5 octobre 1711. LETTRE 1077. -1. « ... et qu’il est fort aisé d’aimer. » (Édition de 1754.) 2. « Elle vous adore; et au milieu de la joie de vous voir, sa soumission à vos volontés, si vous décidez qu’elle vous quitte. » (Ibidem.)