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haitée dans cette petite chambre. Le café y marche tous les matins; mais c’est tellement ma destinée[1]d’être servie la dernière, que je ne puis pas obtenir de l’être avant le chevalier[2]. Mais vous n’entrez point, ma chère enfant : cela nous fait mourir. La voyez-vous ? non, hélas! ni moi non plus[3]


1071. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, mercredi 15è octobre.

Nous attendons de vos nouvelles, ma chère fille ; nous vous suivons pas à pas. Vous devez nous avoir écrit de Chalon, et vous serez demain à Lyon ; si vous ne le savez, je vous l’apprends. JE[4] me repose en vous écrivant ; mes lettres de Bretagne sont si fatigantes, que je n’y veux plus penser ; je me tourne du côté de ma chère fille, et j’y trouve ma joie et ma tranquillité. Nous avons tout sujet de croire que Philisbourg ne nous tiendra pas encore longtemps dans l’inquiétude où nous sommes. Vous verrez par les lettres que le chevalier vous envoie, comme notre marquis est arrivé en bonne santé, point fatigué ; vous verrez les soins qu’on aura de lui, et vous apprendrez que Monseigneur a fait le tour de la place.

  1. 14. « Et c’est si bien ma destinée. » (Édition de 1754.)
  2. 15. Voyez la lettre du 6 octobre précédent, p. 196.
  3. 16. C’est le refrain de plusieurs couplets de chansons 1695. (Note de Perrin, 1784.) Coulanges l’a probablement emprunté à quelque vieille chanson. On joue trop au naturel ce triste petit conte. Adieu, ma trop aimable : je ne puis être heureuse sans vous
  4. LETTRE. 1071. 1. Cette phrase se lit seulement dans le texte de 1784.