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1687 à qui je les dois. C’est pour achever un petit compte, car je lui en dois davantage ; mais cette somme du reste de 85, promise et à mon fils et à moi, sur quoi nous avons été si vilainement trompés par la Jarie, m’impatiente, et je veux absolument qu’il me la paye. Si vous pouvez épargner Pasgerant, j’en serai bien aise ; mais pour la Jarie, je vous prie de lui faire non-seulement toute la peur, mais encore le mal, s’il en faut venir là. Je vous laisse à conduire cette petite affaire selon mes desirs, c’est-à-dire que cette somme soit donnée à M. d’Harouys ; et pour les terres et les héritages[1] avec l’argent qui lui doit venir de quelques procès que nous allons faire juger, ce sera pour le payement de ce vieux procompte de 1680 que nous fîmes à Nantes.

Je suis persuadée que sans vous je n’aurois rien touché de notre année passée 1686 ; ainsi il est bien juste que pour chaque mille francs je vous donne vingt-cinq francs pour tant de peines, et pour les treize cents francs aussi, et pour tout le vieux procompte. Je voudrois que cela pût en quelque sorte vous récompenser de tout ce que vous prévoyez de perdre. Vous m’affligez quand vous parlez ainsi ; j’espère que vous y serez trompé : je le souhaite.

Vous me ferez un extrême plaisir de me faire tenir l’argent que vous aurez reçu : j’en ai un véritable besoin. M. Charpantier me vient de mander que vous n’avez qu’à lui adresser la lettre de change pour me la payer à vue, et que vous donniez votre argent chez M. Paulus, au même prix de la dernière que vous m’envoyâtes de deux mille francs : c’est, je pense, un demi pour cent. Tenez un bon compte de tout ce que vous mettrez pour

  1. Lettre 1011 (revue sur l’autographe). — 1. Qu’il s’agissait de faire saisir : voyez plus haut la lettre du 4 janvier, p. 1 et 2 ; tome VII, p. 519 ; et plus bas, p. 27.