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1070. DE MADAME DE SËVIGNÉ
A MADAME DE GRIGNÂN.
A Paris, lundi 1e octobre.
J’AI reçu, ma chère fille,, vos deux billets de Joigny[1] et d’Auxerre. Le chemin de Joigny est insupportable aux yeux. Je vous vois partout[2] dans un déchirement de cœur si terrible, que j’en sens vivement le contre-coup. Vous auriez été assurément bien moins à plaindre ici [3] vous auriez eu plus tôt les nouvelles et les lettres de M. de Saint-Pouanges [4] qui promet à Monsieur le chevalier d’avoir un soin extrême de votre fils vous sauriez qu’un certain petit fort[5], qui pouvoit donner de la peine, a été pris avant l’arrivée de Monsieur le Dauphin [6]vous apprendriez que ce prince devant aller à la tranchée, M. de Vauban a augmenté toutes les précautions et toutes les sûretés qu’il a accoutumé de prendre pour la
- ↑ LETTRE 1070. 1. « J’ai reçu vos deux lettres. » (Édition de 1754.)
- ↑ 2. « Je vous vois partout, ma chère Comtesse. » (Ibidem.)
- ↑ 3. assurément moins à plaindre ici. (Ibidem.)
- ↑ 4. Gilbert Colbert, marquis de Saint-Pouanges, secrétaire du cabinet, puis grand trésorier des ordres du Roi, mort le a3 octobre 1706 (voyez tome VI, p. 454, note 26). Il était alors au siège de Philisbourg, en qualité d’intendant.
- ↑ 5. Le maréchal duc de Duras, que le Roi avait nommé pour commander au siège de Philisbourg sous les ordres du Dauphin, était arrivé au camp le !«• d’octobre. « II fit dresser en six heures un pont sur le Rhin pour la communication des quartiers et pour le passage des troupes. Le 3, sur le soir, il fît attaquer le fort qui est à la tête du pont. Après deux jours de tranchée ouverte, les Impériaux le rendirent au marquis d’Uxelles, lieutenant général de jour. » (Gazette de 1688, Journal du siège de Pkilisbourg, p. 585 et 586.)
- ↑ 6. Le Dauphin arriva devant Philisbourg le 6 octobre, sur les trois heures après midi (voyez ibidem, p. 586). -Le « sieur de Vauban, lieutenant général. avait la principale conduite des travaux. s (Ibidem, p. 588.)
