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Je suis bien aise que vous approuviez nos amusements, et en effet, quand ils n’empêchent pas de songer au solide, on ne sauroit trop longtemps garder cet esprit-là. De la même reprise dont je badine avec Mlle de Ragni et avec la petite dame de Paris, j’écris au Roi[1].

Mais à propos de la petite dame, vous avez bien deviné, les vers de sa lettre ne sont point d’elle ; il faut aussi lui rendre justice, je n’ai fait que polir et rimer sa pensée, parce qu’il me parut qu’elle auroit en vers la grâce que vous lui trouvez.

Monsieur d’Autun a raison de nous aimer et de nous estimer ; il voit bien que nous avons pour lui ces mêmes sentiments.

Les Toulongeons sont fort aises d’être riches, et tout le monde est fort aise aussi qu’ils le soient. Le bien qui leur est venu par la mort de leur mère leur sied beaucoup mieux qu’à elle. Alonne, qui par ordre du Roi s’appelle aujourd’hui Toulongeon, avec le titre de comté[2], va être une des plus jolies maisons de Bourgogne, de la manière qu’ils l’accommodent.

L’aumônier Poiret, que vous avez vu autrefois faire succéder en un moment la serviette du maître d’hôtel à l’étole, vient de mourir, et je pense qu’à soixante-quatorze ou soixante-quinze ans qu’il avoit, le chagrin du bâtiment l’a-encore hâté d’aller.

Vous m’avez fait un fort grand plaisir, ma chère cousine, de m’apprendre le soin qu’a eu la belle Madelonne d’inspirer de nobles sentiments à l’aînée de ses belles-filles, et l’heureux succès de ses peines. Je ne m’en étonne pas, car lui peut-on refuser quelque chose ? J’en

  1. Lettre 1009. — 1. Bussy avait mis d’abord : « au Roi et au P. de la Chaise ; » mais il a biffé les derniers mots.
  2. 2. Voyez tome VII, p. 443.