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1687 et comme elle s’est toujours intéressée à tout ce qui vous touche, j’ai cru que ce petit récit ne vous ennuieroit pas. Elle vous fait mille baisemains et à Mme de Coligny ; elle a écouté avec bien du plaisir vos lettres et la réponse de l’une de vos amies.

Vous avez su, mon cher cousin, les circonstances de la mort de Monsieur le Prince. Je crois que c’est faire son éloge en peu de mots que de dire qu’il a joint à la beauté de sa vie toute héroïque une mort toute chrétienne, et s’est également acquitté des devoirs de bon chrétien, de fidèle sujet, de bon père et de bon maître ; et qu’en vingt et quatre heures il a réglé toutes ces choses avec une fermeté, une tranquillité, une douceur et une étendue d’esprit qui le faisoient paroître comme en un jour de bataille ; car on dit que dans ces occasions il étoit parfait ; et la mort, qui est la plus importante action de notre vie, a été aussi le plus bel endroit de la sienne[1]

Monsieur d’Autun est encore tout pénétré de cette mort ; il vous en dira bien des particularités quand vous le verrez[2]. Le Roi a regretté cette perte, et a remis, pour faire plaisir à ce prince, M. le prince de Conti en ses

    au président de Moulceau, et ci-après celle de Mme de Grignan à son mari, en date du 5 janvier 1688.

  1. 4. Voyez au tome VII, p. 528, la lettre au président de Moulceau. — La première édition des Lettres de Bussy (1697) ajoute ici ce passage, lui manque dans notre manuscrit : « Je me souviens à cette occasion de ces beaux vers que vous avez mis autrefois sous son portrait :

    De sa gloire la terre est pleine ;
    Comme le foudre on craint son bras
    Il a gagné mille combats,
    Et l’on doute encor s’il n’est pas
    Plus soldat qu’il n’est capitaine. »

  2. 5. L’évêque d’Autun, dit la Gazette du 3 mai 1687, « avoit touours été attaché par un respect particulier à la personne du prince défunt. »