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1687

IO46. DU COMTE DE BUSSY RABDTIN

A ’MADAME DE SÉVIGNÉ.

Ensuite de cette lettre (n° 1041, p. 112), ayant passé près de six semaines sans recevoir de nouvelles de Mme de Sévigné, et craignant qu’elle ne fût au moins bien malade, je lui écrivis cette lettre. A Cliaseu, ce 5e novembre 1687.

JE suis fort en peine de vous, ma chère cousine, depuis que notre ami m’eut mandé que vous étiez allée à Bourbon. Je vous aurois plus tôt témoigné mon inquiétude, si je n’avois été dans le dessein d’aller à Fontainebleau, et de là à Paris, seulement pour vous voir. Cependant un grand rhume a rompu mon voyage; car encore que j’en sois presque guéri, nous ne sommes pas dans une saisoa propre à voyager au sortir d’un rhume considérable. C’est ce qui m’oblige de vous supplier de m’apprendre de vos -nouvelles. Si votre mal étoit encore un rhumatisme sur cette main droite qui fut attaquée il y a huit ou dix ans2, priez notre ami de m’informer de l’état où vous êtes. Je vous ai fort aimée 8 toute ma vie, ma chère cousine, et nos petites brouilleries même n’ont pas été une marque que vous me fussiez indifférente mais je ne vous ai jamais tant estimée ni tant aimée que je fais aujourd’hui. Ce qui me le fait croire, c’est que je crains de vous perdre plus que, je n’ai jamais fait. Que ferois-je au monde sans vous, ma pauvre chère cousine? Avec qui pourrois-je rire? Avec qui pourrois-je avoir de l’esprit? En qui aurois-je une entière confiance d’être aimé ? A qui parlerois-je à cœur LETTRE 1046. 1. Corbinelli. Voyez la fin de la lettre du 39 septembre précédent, p. n3.

2. Au commencement de 1676 voyez tome IV, p. 343 et suivantes.

3. Dans notre manuscrit, le mot ai est omis, fort est écrit en interligne de la main de Bussy, et il y a aimé, sans accord.