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l' Orme : il ne m’a point fait vomir, et m’a purgée doucement; c’est à cause que je ne suis point accablée d’humeurs, qu’on ne m’a point donné d’émétique. Je suis dans les bains balsamiques et charmants; je bois le matin, je n’ai aucune sorte d’incommodité ; j’ai fait tous ces remèdes avec une règle et une mesure dont j’eusse été incapable sans Mme de Chaulnes. Elle ne songe point à rien précipiter ; nous partons lundi après trois semaines et un jour de séjour, seize jours de boisson, neuf bains, trois médecines, deux jours de repos; rien ne peut être mieux compassé que tout cela. Elle une attention pour moi, pareille à la vôtre ; elle ne mérite que des remerciements, et vous la regardez comme ayant troublé et dérangé tous mes remèdes. Au nom de Dieu, ma fille, changez de sentiment, si vous êtes juste et si vous m’aimez ; et faites qu’à Essonne, si vous y voulez venir, ce ne soit que joie de nous voir en parfaite santé, et que reconnoissance en particulier pour cette bonne duchesse. Nous n’allons même qu’en deux jours d’ici a Nevers, pour ne nous pas fatiguer ; mercredi nous partons de Nevers, et le cinquième jour, qui sera le dimanche 19[1], nous dînerons à Essonne et coucherons à Paris. La fatigue et l’embarras me font peine pour vous ; mais sans cela, vous pouvez juger si nous vous donnerons de bon cœur à dîner à Essonne.

Amyot vous écrit : outre qu’il est fort bon médecin, il y a ici un petit apothicaire qui est la capacité, la sagesse et l’expérience même. Ils disent tous deux: « Point de douche.» Ils croiroient faire un attentat d’attaquer et de mettre en alarme une santé comme la mienne ;

  1. 2. Nous voyons par la lettre suivante, p. 119, qu’au lieu de dimanche 19e Mme de Sévigne avait écrit par erreur dimanche 2Oe. C’est sans doute Perrin qui a corrigé cette méprise.