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1680 avance à l’article de Monsieur de Pamiers[1]. Nos pensées se croisent souvent. Ce pauvre Sanguin est mort[2] ; c’étoit un bon et honnête homme ; sa famille est désolée ; voilà une place de cordon bleu : si cette charge[3] n’alloit pas à son fils, plût à Dieu que M. de Grignan la pût avoir ! il seroit bien propre à lui conserver le grand air qu’elle a toujours eu ; c’est la meilleure place pour subsister qu’il est possible. Vous ne sauriez m’empêcher de rêver à tout cela dans ma solitaire ; elle donne d’un côté dans une grande place au bout du mail, plantée à quatre rangs, qu’on appelle le cloître ; et de l’autre, dans le labyrinthe ; elle est la plus belle de mes allées, ou du moins la plus nouvelle : c’est donc là où je vous donne cette belle charge ; sérieusement, songez-y, et voyez si avec l’étoffe que vous avez, vous ne pourriez point placer cet aîné, qui feroit si bien les honneurs de la maison. Je jette cette pensée dans cette lettre ; le port même n’en sera pas


  1. 4. Voyez la lettre du 21 août précédent, p. 36.
  2. 5. Claude (d’après la Gazette, Jacques) Sanguin, premier maître d’hôtel du Roi, venait de mourir le 1er septembre. « Il étoit, dit le Mercure de ce mois (p. 210 et 211), tombé malade pendant le voyage de la cour, et il mourut en chemin (au château de Rumigny, près d’Aubenton, Gazette du 14). Son corps a été porté à Livry, dont il étoit châtelain et capitaine des chasses, aussi bien que de Bondy… Mme Sanguin, sa veuve (dont Mme de Grignan parle en termes fort peu aimables dans sa lettre du 22 septembre 1677, tome V, p. 397), est fille de feu M. de Bordeaux, surintendant des finances, et sœur de M. de Bordeaux, ambassadeur en Angleterre, chancelier de la Reine, et depuis maître des requêtes et conseiller au grand conseil. Louis Sanguin, leur fils unique, avait été pourvu en survivance, comme nous l’avons dit, de la charge de premier maître d’hôtel. Voyez tome IV, p. 407, notes 6 et 7, et tome V, p. 396, note 13.
  3. 6. La charge de premier maître d’hôtel du Roi, que M. de Sanguin avoit achetée de M. le maréchal de Bellefonds, et qui après avoir passé successivement à MM. de Sanguin, marquis de Livry, ses fils et petit-fils, est actuellement exercée par M. le marquis de Livry, son arrière-petit-fils. (Note de Perrin, 1754.)