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1686 et de quels maux ne guéririez-vous point ? L’offre et la proposition me donnent une véritable reconnoissance de l’arrangement que vous avez fait. C’eût été la mesure comble, si la belle Comtesse avoit voulu être de la partie, et sur le tout l’ami Corbinelli. Mais une chose si agréable ne peut jamais réussir : il ne nous appartient pas en ce monde de disposer si joliment de nous et de notre temps.

Nous avons eu des chaleurs insupportables depuis un mois, et pour moi je n’ai point d’autre raison à vous dire de n’avoir pas répondu à votre dernière lettre. J’étois, comme tout le monde, dans une perpétuelle crise, et la plume me tomboit des mains dès que je voulois former une pensée et une lettre. J’avois pourtant à vous remercier de cette jolie lettre que vous aviez écrite à Mme de Toulongeon[1]. Je l’ai lue et relue ; car on ne se lasse point de tout ce qui vient de vous : il y a un certain caractère de finesse et de facilité qui fait toujours crier : Es de Lope, es de Lope[2]. Vous serez toujours aimable, mon cousin, et c’est dire en même temps que vous serez[3] toujours aimé. Conservez votre joie et votre santé tout le plus longtemps que vous pourrez ; elles sont ordinaire-

  1. 3. Voyez plus haut, p. 511, et la note 3. — Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, la phrase suivante commence ainsi : « Elle m’avoit déjà plu entre les mains de notre ami, qui me l’avoit montrée, mais on ne se lasse point, etc. » Deux lignes plus loin, les mots : Es de Lope, ne sont pas répétés.
  2. 4. C’est de Lope, c’est de Lope ; c’est-à-dire « c’est parfait. » — Voyez tome V, p. 506, note 6.
  3. 5. Les mots : « que vous serez » ne sont pas dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale. Deux lignes plus loin, on lit dans ce même manuscrit : « elles sont ordinairement ensemble, et ne devroient jamais se quitter : elles se soutiennent et se donnent de la subsistance l’une à l’autre. Je vous souhaite toujours ces deux bonnes sœurs. Quand je dis vous, c’est-à-dire à ma nièce aussi, etc. » "