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1686 pas cru sa poitrine assez bonne pour s’acquitter de ses devoirs de la manière qu’il le voudroit, et a remis cet évêché au Roi. Cette action est belle et rare : elle a été fort louée. Sa Majesté a mis à sa place Monsieur de Tréguier, de notre basse Bretagne, député ici de la province, très-saint prélat, autrefois le P. Saillant[1] de l’Oratoire, qui très-canoniquement s’est consacré, aux dépens de sa poitrine fort large, à toutes les fatigues pastorales.

M. de Harlay et M. de Bezons ont rempli les deux places vides du conseil, et M. de la Reynie et M. de Bignon sont devenus ordinaires[2]. Ceux qui pourroient en avoir du chagrin, seront consolés, alors qu’on y pensera le moins, par la mort de quelque vieux doyen. Vous savez qu’il y a un carrousel, où trente dames et trente seigneurs auront le plaisir de divertir la cour à leurs dépens[3]. Le pauvre Polignac, prêt à épouser Mlle de

  1. 4. François-Ignace de Baglion de Saillant, évêque de Tréguier de 1679 à 1686. Il occupa le siége de Poitiers jusqu’en 1698. — Les éditions antérieures donnent « le P. Feuillant. »
  2. 5. On lit dans le Journal de Dangeau, à la date du 29 mars 1686 : « Le Roi nomma M. Bignon et M. de la Reynie (qui étaient conseillers d’État de semestre) conseillers d’État ordinaires, et M. de Bezons et M. de Harlay ont été faits conseillers de semestre. Il y avoit deux places vacantes dans le conseil par la promotion de M. Boucherat à la charge de chancelier, et par la mort de M. du Gué. » Le Harlay dont il est question était sans doute Harlay-Bonneuil, gendre de Boucherat : voyez tome II, p. 433, fin de la note 2, et plus haut, p. 472, note 3.— Bezons était fils de celui dont il est parlé au tome III, p. 261, note 8. — Quant à Bignon, c’est vraisemblablement un des deux fils de Jérôme Bignon : voyez tome III, p. 367, note 23.
  3. 6. Dans une lettre à Bussy du 24 mars, du Breuil donne la liste des trente seigneurs et des trente dames, et la fait précéder de cette introduction : « Voilà la liste du carrousel que je vous envoie, Monsieur. Il y aura deux prix l’un de la bague, l’autre des têtes. Celui-ci sera en beaux louis, que le cavalier gardera ; celui de la bague sera un bijou, que le cavalier donnera à sa mie. Les dames