1685
dans la fleur de son âge, on a toutes les pensées et toutes les conceptions plus vives et plus nettes : en un mot, tous les gens désintéressés sont contents de ce choix. Vous devez l’être plus qu’un autre, puisque c’est le fils de votre fidèle ami qui est à la tête du conseil, et qui sera bien avant dans les affaires.
Le jeune d’Antin est menin depuis deux jours[1]. Plût à Dieu que notre garçon le pût être ! Il faut en tout regarder la Providence ; sans cela, on supporteroit avec peine celles que Dieu nous envoie. La vie est courte, mon cher cousin : c’est la consolation des misérables et la douleur des gens heureux, et tout viendra au même but. Excusez ces réflexions à une personne qui a vu mourir en un moment Mlle de la Trousse[2], retirée aux Feuillantines. Une religieuse entra le matin dans sa chambre, et la trouva appuyée contre sa chaise, comme si elle eût été endormie ; aussi l’est-elle pour jamais. Elle se portoit fort bien le soir. Elle a été enterrée en habit de religieuse, avec des cérémonies et une réputation de sainteté qui m’a servi de leçon et qui m’a fait faire des réflexions depuis trois jours[3].
- ↑ 4. On lit dans le Journal de Dangeau, à la date du jeudi 13 décembre : « Mme de Montespan témoigna le matin à Mme de Maintenon qu’elle auroit bien souhaité que M. d’Antin, son fils, fût auprès de Monseigneur en qualité de ce qu’on appelle menin, et le soir, le Roi, en entrant chez Mme de Montespan, lui dit qu’il lui accordoit avec plaisir ce qu’elle avoit témoigné souhaiter »
- ↑ 5. La sœur de Mlle de Méri. Voyez la lettre du 4 janvier 1690.
- ↑ 6. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « qui m’a servi de leçon et de réflexion depuis trois jours. J’embrasse ma chère nièce et son cher papa. »