Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/452

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1685 nouvelle passe si vite à Paris ; on pourra s’en taire à Versailles ; mais elle embrasse trop de gens pour ne pas répandre beaucoup de tristesse. Je ne comprends pas qu’on puisse être insensé et enragé dans une cour si sage et sous un tel maître. Coulanges est demeuré avec mon fils : ils ne partiront que lundi, pour arriver la veille de la Notre-Dame, et ils ne seront que huit jours aux états. Mon fils reviendra me dire adieu : car quand je serois la cour, mon jour ne seroit pas mieux fixé.


d’emmanuel de coulanges..

Me voici encore, je ne puis quitter la mère beauté. Nous nous promenons sans fin et sans cesse, et sa jambe n’en fait que rire, et augmenter d’embonpoint et de beauté ; mais Monsieur votre frère est bien chaud au jeu ; il nous fait souvenir à tout moment de M. de Gri-

    fils, qui ne s’en étoit pris qu’à Dieu, ce ne seroit rien, et que cela le mettoit bien au large mais que pour les deux autres, c’étoient de grands impertinents. Liancourt, qui avoit bien plus d’esprit que son frère, avoit écrit aussi d’un style bien plus piquant, que le Roi ne lui a pardonné de sa vie, même depuis son retour. Aussi fut-il le seul mis en prison et gardé à vue des années avec une rigueur extrême, puis exilé longtemps, ainsi que les deux autres ; et les pères et M. de Louvois hors de portée de parler pour eux. Il y en eut d’autres aussi dont les lettres leur nuisirent longtemps ; mais ces trois-là étoient si supérieures aux autres que le châtiment public ne tomba que sur eux. Ce fut aussi ce que le Roi ne put jamais bien pardonner aux princes de Conti, dont l’aîné mourut dans sa disgrâce ouverte, quoique à la cour, à cause de sa femme, fille du Roi, et l’autre est mort enfin d’ennui et de douleur de n’avoir pu jamais arriver au commandement des armées ni se mettre à couvert des suites de ces impressions, depuis son retour et son apparence de pardon. » —— Voyez enfin les Mémoires de la Fare, tome LXV, p. 251 et suivantes. « Ils parloient dans ces lettres, dit-il (p. 253), en vrais étourdis, et y traitoient le Roi de gentilhomme campagnard, affainéanti auprès de sa vieille maîtresse, avec des termes si méprisants, que le Roi ne l’a jamais oublié. »