Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 pas davantage, et je crois tout simplement et en un mot que l’ordre est la volonté de Dieu. Quand les choses vont comme elles doivent aller, c’est sa volonté, je ne connois point d’autre ordre ; quand elles sont surprenantes et extraordinaires, c’est sa volonté. Quand ses ouvrages sont beaux et parfaits, et quand ils sont monstrueux et horribles, tout est dans cette volonté : l’un n’est donc pas moins que l’autre dans l’ordre de sa providence. M. de la Garde vous dira le reste.

Mme de Vins me mande, comme à vous, qu’elle a gagné son procès ; et l’abbé de Pontcarré me disoit positivement que Mme de Lesdiguières l’avoit gagné aussi : voilà qui est bien heureux. M. et Mme de Chaulnes le seront beaucoup s’ils perdent une mère[1] qui ne les aime point, et qui leur laisse vingt mille écus de rente. Ils s’en vont à Paris. Je suis persuadée que vous aurez la visite de vos prélats, et que vous serez au nombre des plaisirs qu’ils veulent accorder avec leur gloire. Vous ne verrez rien à votre destinée que lorsque votre famille sera toute ensemble[2]. Personne ne sent mieux que moi les désunions[3] de l’absence ; l’usage des pensées et de l’écriture me sert au besoin ; mais cependant, ma fille, je vous avoue grossièrement que j’ai une très-sensible envie de vous voir et de vous embrasser de tout mon cœur. Il y a bientôt un an que je vous ai quittée, et ce fut comme hier[4] que le petit marquis fit une grande perte. Le loisir de la campagne fait des almanachs perpétuels, et des bouts de l’an de tous les jours considérables : je pense que ces deux-là

  1. 6. La mère du duc de Chaulnes (voyez tome IV, p. 476, note 2, et p. 485 et 486) mourut en septembre 1681. Nous ignorons la date de la mort de Barbe Servien, mère de la duchesse.
  2. 7. « Tout ensemble. » (Édition de 1754.)
  3. 8. « Les unions. » (Ibidem.)
  4. 9. Jour de la mort du cardinal de Retz. (Note de Perrin.)