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1679 du vin, ou rien, on y mette un emplâtre[1] dont tout le monde se loue, et qui devient pour moi du poison, parce qu’on ne veut pas le lever, et que de cette sottise soient venus de fil en aiguille tous mes maux, toujours dans l’espérance d’être guérie, et qu’enfin ce ne soit que présentement que je sois guérie, il y a si peu de vraisemblance à cette conduite, qu’elle ne doit être regardée que comme un aveuglement répandu pour me donner des chagrins, trop bien mérités, et soufferts avec trop d’impatience. Je n’ai point eu, ma bonne, les douleurs, la fièvre et les maux que vous imaginez ; vous ne me trouverez point changée, ma chère bonne ; demandez à mon petit Coulanges, il vous dira que je suis comme j’étois ; ma jambe s’est fort bien trouvée du voyage, je n’ai point été fatiguée, ni émue[2]. Je me gouverne comme le veut ma pauvre Charlotte, qui m’est venue voir ce matin ; elle est ravie de m’avoir guérie ; n’est-ce pas une chose admirable que je ne l’aie connue que depuis quinze jours ? tout cela étoit bien réglé. Elle me fait mettre encore des compresses de vin blanc, et bander ma jambe pour ôter toute crainte de retour, et je me promène sans aucune incommodité. Il est vrai que je vous ai mandé toutes ces mêmes choses ; mais il faut bien qu’un jour vienne que je dise vrai ; et vous savez bien, ma bonne, que je n’ai jamais cru vous tromper. J’ai la peau d’une délicatesse qui me doit faire craindre les moindres blessures aux jambes[3]. Oh ! parlons d’autre chose, mon enfant. Je suis fâchée que vous n’ayez point été à cette

  1. 16. Nous avons vu plus haut (p. 407) le mot emplâtre du féminin ; il est ici du masculin dans l’autographe. — Deux lignes plus loin, il y a soit, au lieu de soient.
  2. 17. Toute la suite, à partir d’ici, jusqu’à la fin de l’alinéa, manque dans le texte de 1754.
  3. 18. Aux jambes a été ajouté après coup, au-dessus de la ligne.