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et puis Monsieur d’Augers[1], et puis nous n’aurons plus rien à craindre. Les cinq[2] à qui l’on vouloit faire le procès seront devant le grand juge, qui les aura traités avec plus de bonté qu’on n’a fait en ce monde-ci.

Je[3] veux un peu parler à Mlles  de Grignan : vraiment, Mesdemoiselles, cela est fort honnête de vous jeter dans le vert et le bleu aussitôt que vous apprenez la mort de notre pauvre cousine[4] ; j’en ai bien mieux usé, j’ai porté un petit deuil à Rennes ; je n’avois point de bel habit de couleur ; et ce petit deuil, qui m’a été d’une commodité nompareille, a fait voir à toute la Bretagne mon bon naturel. Adieu, mes belles : j’ai en vérité bien envie de vous embrasser ; si vous conservez un peu d’amitié pour moi, je vous assure que ce n’est pas en pure perte. Pour mon cher Comte, je l’embrasse, et m’afflige avec lui de cette maudite épingle : nos pauvres machines sont sujettes à bien des misères.


1680

845. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce dimanche 25e août.

N’allez pas vous imaginer, ma fille, que l’écriture me fasse mal, ni vous en venger en écrivant aussi : laissez continuer la bonne Pythie, et reposez-vous. Pour moi, je ne me laisse point accabler ; je commence par ma Pro-

  1. 18. Henri Arnauld ne mourut que douze ans après.
  2. 19. « Ces cinq. » (Édition de 1754.) — Aux trois évêques qui viennent d’être nommés, il faut ajouter l’évêque de Beauvais, Buzanval, mort en juillet 1679, et peut-être Vialard, évêque de Châlons, mort tout récemment en juin 1680 (voyez tome VI, p. 461).
  3. 20. Ce paragraphe manque au manuscrit.
  4. 21. Mme de Barai. Voyez tome VI, p. 561, note 27.