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belle[1] : c’est comme un grand belvédère, d’où la campagne s’étend à trois lieues d’ici à une forêt de M. de la Trémoille ; mais elle est encore plus belle, cette lune[2], sous les arbres de votre abbaye ; je la regarde, et je songe que vous la regardez : c’est un étrange rendez-vous, ma chère mignonne[3] ; celui de Bâville sera meilleur. Si vous avez M. de la Garde, dites-lui bien des amitiés pour moi ; vous me parlez de Polignac comme d’un amant encore sous vos lois ; un an n’aura guère changé cette noce. Dites-moi donc comme le chevalier marche, et comme ce comte se trouve de sa fièvre. Ma chère bonne, Dieu vous conserve parmi tant de peines et de fatigues ! Je vous baise des deux côtés de vos belles joues, et suis entièrement à vous ; et le bien Bon, il est ravi que vous aimiez sa maison.

Je baise la belle d’Alerac et mon marquis. Comment M. du Plessis est-il avec vous ? dites-moi un mot[4].

Mon fils et sa femme vous honorent et vous aiment, et je conte souvent ce que c’est que cette Mme de Grignan ; cette petite femme dit : « Mais, Madame, y a-t-il des femmes faites comme cela ? »

Suscription : Pour ma très-chère.


  1. 26. « Est fort belle. » (Édition de 1754.)
  2. 27. « …s’étend à trois lieues vers une forêt de M. de la Trémoille mais cette lune est encore plus belle, etc. (Ibidem.) — Dans l’autographe, les mots cette lune ont été ajoutés au-dessus de la ligne.
  3. 28. Les mots « ma chère mignonne, » manquent dans l’impression de 1754, où la lettre, après les mots « sera meilleur, » finit par cette phrase : « Qu’en dites-vous, ma très-belle ? Mon fils et sa femme vous aiment et vous honorent. »
  4. 29. Cet alinéa est écrit en long, à la marge, au recto du dernier feuillet ; le suivant, au verso qui porte la suscription.