1685 villon. N’est-il pas vrai, ma bonne ? Je vais donc dans tous ces lieux embrasser tous les habitants, et les assurer que s’ils se souviennent de moi, je leur rends bien ce souvenir avec une sincère et véritable amitié. Je souhaite que vous y retrouviez tout ce que vous y cherchez ; mais je vous défends de parler encore de votre jeunesse comme d’une chose perdue ; laissez-moi ce discours ; quand vous le faites, il me pousse trop loin, et tire à de grandes conséquences. Je vous prie, ma chère bonne[1], de ne point retourner à Paris pour les commissions dont nous vous importunons votre frère et moi[2] : envoyez Anfossy chez Gautier, qu’il vous envoie des échantillons ; écrivez à la d’Escars ; enfin, ma bonne, ne vous pressez point, ne vous dérangez point : vous avez du temps de reste, il ne faut que deux jours pour faire mon manteau, et l’habit de mon fils se fera en ce pays ; au nom de Dieu, ne raccourcissez point votre séjour ; jouissez de cette petite abbaye pendant que vous y êtes et que vous l’avez. J’ai écrit[3] à la d’Escars pour vous soulager, et lui envoie un échantillon d’une doublure or et noir, qui feroit peut-être un joli habit sans doublure, une frange[4] d’or au bas ; elle me coûtoit sept livres ; en voilà trop sur ce sujet, vous ne sauriez mal faire, ma chère bonne. Nous avons ici une lune toute pareille à celle de Livry ; nous lui avons rendu nos devoirs ; et c’est passer une galerie que d’aller au bout du mail[5]. Cette place Madame est
- ↑ 21. Les mots : « ma chère bonne, » ne sont pas dans l’impression de 1754.
- ↑ 22. « Mon fils et moi : envoyez demander des échantillons, écrivez à la bonne d’Escars ; ne vous pressez point, ne vous dérangez point ; jouissez de cette petite abbaye, etc. » (Édition de 1754.)
- ↑ 23. Cette phrase ne se lit que dans l’autographe.
- ↑ 24. On lirait plutôt une frangée.
- ↑ 25. Ce dernier membre de phrase : « et c’est passer, etc., » n’est aussi que dans l’autographe.