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1685 vois toute disposée pour y retourner avec vous, à ce bienheureux mois de septembre[1] ; peut-être n’y retournerez-vous pas plus tôt : vous savez ce que c’est que Paris, les affaires et les infinités de contre-temps qui vous empêchent d’y aller[2]. Enfin me revoilà dans le train d’espérer de vous y voir ; mais, bon Dieu ! que me dites-vous, ma chère bonne[3] ? le cœur m’en a battu : quoi ? ce n’est que depuis la résolution qu’a prise Mlle de Grignan[4] de ne s’expliquer qu’au mois de septembre, que vous êtes assurée de m’attendre ! Comment ? vous me trompiez donc, et il auroit pu être possible qu’en retournant dans deux mois[5], je ne vous eusse plus trouvée ! Cette pensée me fait transir, et me paroit contre la bonne foi : effacez-la moi, je vous en conjure[6] ; elle me blesse, tout impossible que je la vois présentement : mais ne laissez pas de m’en redire un mot. 0 sainte Grignan, que je vous suis obligée, si c’est à vous que je dois cette certitude !

Revenons à Livry, vous m’en paroissez entêtée ; vous avez pris toutes mes préventions,

Je reconnois mon sang[7].

Je suis ravie[8] que cet entêtement vous dure au moins

  1. 6. « Vous et Livry, en vérité, c’est trop ; et je ne tiendrois pas contre l’envie d’y retourner avec vous, si je ne m’y trouvois toute disposée dans ce bienheureux mois de septembre. » (Édition de 1754.)
  2. 7. « Les affaires et les contre-temps qui empêchent d’en sortir. » (Ibidem.)
  3. 8. « Mais que me dites-vous, ma chère enfant ? » (Ibidem.)
  4. 9. « La résolution de Mlle de Grignan. » (Ibidem.)
  5. 10. « Et il auroit été possible qu’en retournant à Paris dans deux mois. » (Ibidem.) — Après je, qui suit, le mot ne a été ajouté dans l’interligne.
  6. 11. « Effacez-la, je vous en conjure. » (Édition de 1754.) — À la fin de la ligne, l’autographe donne toute impossible.
  7. 12. Le Cid, acte I, scène v :

    Je reconnois mon sang à ce noble courroux.

  8. 13. « Je serai ravie. » (Édition de 1754.)