Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/408

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1685 On nous mande (ceci est fuor di proposito[1], mais ma plume le veut) que les Minimes de votre Provence ont dédié une thèse au Roi, où ils le comparent à Dieu, mais d’une manière où l’on voit clairement[2] que Dieu n’est que la copie. On l’a montrée à Monsieur de Meaux, qui l’a montrée au Roi, disant que Sa Majesté ne doit pas la souffrir. Il a été de cet avis : on l’a renvoyée en Sorbonne pour juger ; elle a dit qu’il la falloit supprimer[3]. Trop est trop : je n’eusse jamais soupçonné des Minimes d’en venir à cette extrémité. J’aime à vous mander des nouvelles de Versailles et de Paris, ignorante.

Vous conservez une approbation romanesque pour les princes de Conti[4] ; pour moi, qui ne l’ai plus, je les

  1. 39. « Hors de propos. » Les mots suivants « mais ma plume le veut, » manquent dans le texte de 1754 ; ils avaient été omis aussi dans l’édition de 1818.
  2. 40. « D’une manière qu’on voit clairement. » (Édition de 1754.)
  3. 41. « Monsieur de Meaux l’a vue et en a parlé au Roi, disant que Sa Majesté ne la doit pas souffrir. Le Roi a été de cet avis on a renvoyé la thèse en Sorbonne pour juger ; la Sorbonne a décidé qu’il la falloit supprimer. » (Ibidem.) Dans l’édition de 1818, ce passage avait aussi été altéré en divers endroits.
  4. 42. Les princes de Conti et de la Roche-sur-Yon étoient partis pour aller servir en Hongrie, où ils se trouvèrent au combat de Gran, et firent des prodiges de valeur. (Note de Perrin.) — Le prince de Turenne (Louis de la Tour), fils aîné du duc de Bouillon, et neveu du cardinal, obtint du Roi, le 20 mars 1685, la permission d’aller servir en Pologne comme volontaire. Le prince de Conti fit aussitôt la même demande pour son frère et pour lui, et le Roi donna son consentement. Les trois princes, craignant que cette permission ne fût révoquée, partirent tout de suite sans prendre congé. Le Roi mécontent brûla les lettres d’excuses qu’ils lui firent remettre par la princesse de Conti, et Monsieur le Prince leur fit dire, s’ils continuaient ce voyage, d’aller en Pologne, comme ils l’avaient d’abord annoncé, et de bien se garder d’aller en Hongrie. Mais ils s’étaient arrêtés en Bavière, et l’Electeur leur avait fait promettre qu’ils se rendraient avec lui en Hongrie, et ne le quitteraient point de toute la campagne. Ce changement de résolution déplut au Roi et affligea Monsieur le