Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/404

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1685 — Oui, nos capucins sont fidèles à leurs trois vœux : leur voyage d’Égypte[1], où l’on voit tant de femmes comme Eve, les en ont dégoûtés pour le reste de leurs jours. Enfin leurs plus grands ennemis ne touchent pas à leurs mœurs, et c’est leur éloge, étant haïs comme ils le sont. Ils ont remis sur pied une de ces deux femmes qui étoient mortes.

Parlons de M. de Chaulnes : il m’a écrit que les états sont à Dinan, et qu’il les fait commencer le premier jour d’août[2], pour avoir le temps de m’enlever au commencement de septembre, et puis mille folies de vous : qu’il vous a réduite au point qu’il desiroit ; que vous êtes coquette avec lui, et que bientôt… Enfin il est d’une gaillardise qui me ravit ; car en vérité j’aime ces bons gouverneurs. La femme me dit encore mille petits secrets. Je ne comprends point comme on peut les haïr, et les envier, et les tourmenter ; je suis fort aise que vous vous trouviez insensiblement dans leurs intérêts. Si les états eussent été à Saint-Brieuc, c’eût été un dégoût épouvantable[3] ; il faut voir qui sera le commissaire[4] ; ils ont encore ce choix à essuyer : si vous êtes dans leur confiance, ils ont bien des choses à vous dire, car[5] rien n’est égal à l’agitation qu’ils ont eue depuis quelque temps.

  1. 24. Voyez tome VI, p. 92. Ce singulier ( « leur voyage » ), avec le verbe au pluriel, est à la fois dans l’autographe et dans l’édition de 1754. Deux lignes plus bas, il y a aussi dans l’autographe le singulier touche.
  2. 25. « Le premier d’août. » (Édition de 1754.)
  3. 26. « C’étoit un dégoût épouvantable. » (Ibidem.)
  4. 27. Fieubet, conseiller d’État, qui avait été chancelier de la reine Marie-Thérèse, fut nommé commissaire aux états de Bretagne. (Journal de Dangeau, 28 juin 1685.) Voyez sur Fieubet tome III, p. 462, note 3.
  5. 28. Le mot car n’est pas dans le texte de 1754, qui n’a pas non plus les deux alinéas suivants.