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1680 beaucoup d’intérêt en celle-ci[1], j’en suis fort occupée, et je m’y trouve plus sensible qu’à mes propres affaires : c’est une vérité. N’appuyons point dans nos lettres sur ces sortes de méditations, on ne les trouve que trop dans ces bois, et la nuit quand on se réveille.

Je[2] vois que vous ne songez dans vos lettres qu’à me divertir : il faut suivre votre exemple : vous retourniez donc à votre vomissement[3] en finissant votre dernière ; vraiment je n’ai jamais vu un si vilain chapitre traité si plaisamment. La vilaine bête ! mais de quoi s’avise-t-elle de vous apporter son cœur sur ses lèvres, et de venir, de quinze lieues loin, rendre tripes et boyaux en votre présence ? Vous avez bien le don cette année d’attirer les visites ; on ne pouvoit pas se défier de celle-là ; elle me fait un peu souvenir de ma madame de la Hamélinière[4], dont je ne connoissois pas le visage. Vous aurez celui du petit Coulanges ; vous aurez vu ce petit chien de visage-là quelque part. Au travers de sa gaieté, vous lui trouverez de grands chagrins ; mais ils ne tiennent pas contre son tempérament. Je suis bien fâchée que le vôtre ne soit pas rétabli : ce n’est point être guérie que d’avoir toujours l’humeur qui vous faisoit mal à la poitrine ; quand elle voudra, elle reprendra ce chemin : elle est dans vos jambes, vous avez des douleurs, des inquiétudes, elles sont enflées les soirs ; j’admire votre patience de souffrir ces douloureuses incommodités, sans y chercher du remède ; j’avoue ma foiblesse, et combien je m’accommode

  1. 8. « Mais comme je m’intéresse beaucoup à celle-ci. (Édition de 1754.)
  2. 9. Ce paragraphe et les trois suivants manquent au manuscrit, et ne se trouvent que dans la seconde édition de Perrin (1754), la seule qui donne cette lettre.
  3. 10. Voyez le Livre des Proverbes, chapitre XXVI, verset 11, et la seconde Épître de saint Pierre, chapitre II, verset 22.
  4. 11. Voyez la lettre du 2 juin précédent, tome VI, p. 478-480.