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persuadés que de la poudre d’yeux d’écrevisse, dans la première cuillerée du lait du grand maître, feroit des merveilles ; son état est digne de compassion.


962. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN
À MADAME DE GRIGNAN.

À Chaseu, ce 4e juin 1685.

Voilà l’histoire de la maison de Madame votre mère, que je lui ai promise, Madame. J’aurois attendu son retour de Bretagne pour la lui envoyer, si je n’avois été pressé par ma reconnoissance sur toutes les marques extraordinaires d’amitié que ma fille de Coligny a reçues de vous depuis quatre mois ; mais j’ai cru qu’en vous en rendant mille grâces, je vous ferois plaisir de vous donner connoissance du mérite de vos grands-pères maternels[1]. Il faut dire la vérité, Madame, il y a eu d’honnêtes gens parmi eux, et la fortune a mis dans les grands honneurs beaucoup de gens en France qui ne les valoient pas. Quand je dis honnêtes gens, je n’entends pas exclure votre sexe, Madame ; le mérite de Madame votre mère est aussi extraordinaire que celui des Amé[2], des Claude[3], des Christophle[4] et des Celse, et je n’en de-

  1. Lettre 962. — 1. Le manuscrit que nous suivons d’ordinaire reprend ici au milieu du mot maternels, après la syllabe ma. On a vu plus haut, p. 252, note 2, que six feuillets ont été arrachés de ce manuscrit.
  2. 2. Amé de Rabutin, marié, le 9 septembre 1421, à Claude de Travès. Olivier de la Marche donne dans ses Mémoires le récit de plusieurs de ses hauts faits.
  3. 3. Claude de Rabutin, fils aîné de Hugues de Rabutin et de Jeanne de Montagu, bâtarde légitimée de la maison de Bourgogne.
  4. 4. Christophe de Rabutin, seigneur de Sully et de Bourbilly, fils de Claude de Rabutin. On trouve plusieurs autres Christophe dans