Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1685 vivrai au jour le jour, c’est-à-dire que si je trouve quelqu’un qui veuille me ramener à Paris, je n’en perdrai point l’occasion, parce que je serai bien aise d’aller faire un tour à Versailles, et qu’il est bon même que je sache des nouvelles de M. de Seignelay, touchant le voyage de Languedoc[1] ; mais aussi, comme ce quelqu’un peut ne se point trouver, et que M. de Lamoignon proteste qu’il aimeroit mieux mourir que de me prêter une voiture, je pourrai très-bien ne m’en aller à Paris qu’avec lui. J’écrivis hier à Versailles, pour qu’on me mandât quelques nouvelles de ce pays-là ; et selon qu’elles seroient, il faudroit bien pourtant que je m’en retournasse à Paris, quand ce devroit être par la carriole de Dourdan, qui passe souvent au bout de l’avenue de Bâville. C’est là, Madame, tout ce que je vous puis dire de mon séjour en ce pays-ci : envoyez quelquefois un mot de vos nouvelles à l’hôtel d’Angoulême[2], et j’aurai soin de vous avertir aussi par quelque petit mot du parti que je prendrai. Je suis fort aise que M. de Chaulnes vende Magny[3] ; il y

  1. Lettre 960. — 1. Seignelay avait dans son département les affaires du haut et bas Languedoc, dont Bâville, le frère de Lamoignon, fut fait intendant au mois d’août 1685 : voyez la Gazette, p. 488.
  2. 2. C’est-à-dire chez Lamoignon. L’hôtel d’Angoulême, situé rue Pavée, au Marais, « avait été bâti, dit M. Théophile Lavallée (Histoire de Paris, tome II, p. 83), par Diane, fille naturelle de Henri II, qui le légua à son neveu le duc d’Angoulême, bâtard de Charles IX… Cet hôtel fut acheté par le président de Lamoignon en 1684… Dans cette maison, encore parfaitement conservée et où l’on a inscrit en lettres d’or le nom de Lamoignon, est né le vertueux Malesherbes. » — Voyez plus haut, p. 342, et la note 2.
  3. Sans doute Magni-les-Hameaux, canton de Chevreuse, arrondissement de Rambouillet. — Cette terre fut d’abord vendue sept cent trente mille livres au duc du Maine ; mais le marché fut rompu, parce que les lods et ventes s’élevaient à près de deux cent mille livres. Le duc de Chaulnes aliéna encore quelques autres terres pour acquitter ses dettes ; il ne conserva que la terre de Pecquigny, affermée trente-deux mille livres, le duché de Chaulnes, dont le revenu était