1685 moi en passant ? mon silence vous donnera-t-il du soupçon ? Je veux vous croire aussi sur votre santé ; je vous en souhaite une parfaite, et pour vous et pour moi : c’est une étrange chose dans mon cœur que le souvenir de vos maux passés, et la crainte de leur retour ; Dieu vous en préserve, et moi aussi ! Coulanges m’a mandé fort joliment votre dîner de l’hôtel de Chaulnes : c’est un style si particulier pour faire valoir les choses les plus ordinaires, que personne ne sauroit lui disputer cet agrément. Vous vous êtes mise en politique : vos derniers convives étoient justement ce qui s’appeloit autrefois des importants ; vous me manderez[1] comme se sera passé ce gaudeamus de conversation.
Notre petit homme[2] a été admiré de tout le monde ; Mme de la Fayette et son fils m’en écrivent des merveilles. Voici, ma chère enfant, un grand hiver pour lui : sa vie est pressée d’une manière que si vous aviez donné à l’enfance ce qu’on y donnoit autrefois, vous n’y auriez pas trouvé votre compte ; vous avez pris vos mesures selon sa destinée ; il faut qu’il joue un grand rôle à quatorze ans[3], il faut donc qu’on commence à le voir deux ans auparavant ; on va parler de lui, il faut faire voir sa petite personne : il vous a cette obligation, et votre séjour à Paris est un arrangement de la Providence pour faire réussir ses desseins ; sans vous, il eût été renfermé dans sa chambre ; et vous aurez contribué, et par votre présence[4]
- ↑ 4. L’édition de 1754, la seule où se trouve cette lettre, donne, par une erreur évidente : « vous me demanderez. »
- ↑ 5. Le marquis de Grignan. Voyez les lettres du 25 et du 28 février précédents, p. 363, 364 et 369.
- ↑ 6. Le petit marquis était alors dans sa quatorzième année, puisqu’il était né au mois de novembre 1671.
- ↑ 7. Dans la petite édition de 1754 : « et vous aurez contribué par votre présence, etc. »